4000 au Grand Colombier
Nous nous retrouvons à quelques-uns à Yenne pour aller gravir ce sommet, certes moins connu que le Ventoux ou l’Alpe d’Huez, mais néanmoins très difficile. Si j’ai bien compris l’origine de la décision de cette escalade, c’est d’ailleurs de permettre à Daniel de comparer le Ventoux et le Grand Colombier.
Je retrouve avec plaisir les ATSCAFiens avec qui je n’ai plus roulé depuis le mois de juillet pour la plupart. Il y a là Daniel, Bernard, Gilbert, Alain, Yann ainsi qu’un nouveau venu Bruno. Cathy et Evelyne ne sont pas sur les vélos, mais ont décidé de faire du tourisme et de nous retrouver au sommet.
Après nous être mis d’accord sur l’heure de rendez-vous et sur la face par laquelle nous franchirons le point culminant de l’Ain, nous voilà partis sur les routes nous permettant de rallier Culoz. La route que nous empruntons est située entre le Rhône et le Lac du Bourget. De ce fait, l’atmosphère est assez humide et nous roulons au milieu du brouillard.
Cela n’empêche pas notre petite troupe de rouler à vive allure sous l’impulsion d’Alain, qui pourtant n’a pas touché à son vélo depuis début juillet. Heureusement, le soleil se lève et Yann et moi reconnaissons le village de Chanaz. Nous y sommes passés lors de notre brevet de 300 km au mois de mai. Mais cette fois, la météo est bien plus clémente et nous pouvons profiter du village sous le soleil.
Nous traversons ensuite le Rhône pour rejoindre Culoz qui constitue le pied de l’ascension. C’est l’occasion de faire une pause pour retirer les manches longues, même si nous allons nous élever nous allons nous réchauffer, et soulager nos vessies. Et nous voilà parti pour cette ascension. Bruno estime qu’il faudra environ 1h30 au premier d’entre nous pour arriver au sommet.
Si les quelques premières centaines de mètres grimpent doucement, cela ne dure pas, et nous faisons rapidement face à un mur. Chacun prend alors son rythme. Yann fidèle à son habitude caracole devant. Rapidement nous surplombons Culoz et toute la vallée. La route est pentue mais nous sommes récompensés de nos efforts par le paysage.
Sortie de Culoz et des épingles du bas du col, la route est ensuite relativement rectiligne. Chacun grimpe à son rythme, et Alain roule toujours aussi bien malgré ses trois mois de coupure puisqu’il grimpe à la même vitesse que moi, les 50m qui nous séparent se sont creusé dès le bas lorsque j’ai suivi Yann.
La route surplombe toujours la vallée et nous offre un superbe panorama, mais nous allons bientôt rentrer dans les sous-bois. Avant cela, il nous faudra franchir un éperon rocheux qui barre la route. Pour cela, la route fait toute une série de virages serrés et d’épingles. Il y a là de quoi choper le tournis, si nous le passions plus vite. La pente est telle que nous passons doucement.
A la sortie de ce passage, nous sommes dans les sous-bois sur une route toujours aussi pentue. Alain me hèle qu’il va faire demi-tour pour accompagner les autres, après avoir mis pied à terre pour comprendre ce qui m’a été crié, je continue. Peu après, la pente va enfin s’adoucir, nous offrant un répit sur plus d’un kilomètre.
J’en profite pour parler un peu de la pente du col. La pente moyenne est assez élevée, ce qui rend le col difficile, mais ce qui accentue la difficulté, ce sont les variations de pente. Sur une pente régulière, on peut facilement trouver un rythme, ici, c’est chose impossible, et la pente ne se radoucit jamais suffisamment pour que l’on puisse récupérer. Je parle ici de la première partie de l’ascension par Culoz.
La suite est plus aisée, bien que ce soit dans celle-ci que se rencontrent les plus forts pourcentages. Après le replat précédemment évoqué, nous rejoignons la route venant d’Anglefort et retrouvons des pentes plus fortes. Heureusement, cette fois il y a des alternances avec des pentes plus douces. La route ombragée, même si elle nous masque le paysage n’en n’est pas moins agréable.
Nous voilà maintenant dans les plus fortes pentes, on les voit venir de loin, mais c’est une bien maigre consolation. La bonne récupération dans les replats permet de garder des réserves pour ces passages là. A environ 3km du sommet, nous sortons de la forêt et apercevons le sommet sur notre droite.
Là encore, pour le rejoindre, il y a une alternance de pentes plus ou moins fortes, avec même me semble-t-il un passage légèrement descendant. A partir de là, il n’y a plus qu’un kilomètre. Après une grande courbe à gauche, j’aperçois le sommet. Conformément aux prévisions de Bruno, il m’aura fallu environ 1h30 pour arriver au sommet.
Après m’être ravitaillé et avoir fait quelques étirements, je descends au devant de mes compagnons. Je croise Yann à l’orée du dernier kilomètre et Bruno un peu plus loin derrière qui a l’air de monter à vive allure. Je rejoins les autres à 5km du haut en pleine réparation de crevaison. C’est presque terminé quand j’arrive et nous terminons donc l’ascension ensemble. Alain en profite pour me faire remarquer que le passage descendant est un simple replat, mais en aucun cas une petite descente.
Nous sommes rapidement rejoins par la voiture qui assure le transport des pique-nique et amorçons la descente l’œil aux aguets pour dénicher le meilleur endroit pour nous poser dans l’herbe. Fausse alerte au niveau de l’intersection entre la route venant de Virieu-le-Petit et celle de Lochieu. Le champ trouvé par Bernard ne convainc pas et nous repartons. Cela nous a quand même permis d’admirer le panneau annonçant une descente à 19%.
Finalement, nous trouvons un endroit où nous arrêter quelques kilomètres plus bas et sortons nos paniers à pique-nique. Il est bientôt 14h, et la faim commençait à se faire sentir. Le repas est avalé tranquillement en échangeant nos impressions sur l’ascension. Incontestablement, elle est difficile, mais Alain, en connaisseur de la région nous signale que le col de la Biche, situé dans le même massif est d’un niveau de difficulté comparable, bien qu’il soit moins connu.
Avant de reprendre la route en direction de Lochieu, Bernard, à l’aide de son compteur ultra-perfectionné nous donne tout un tas d’informations : pourcentage maximum en montée, dénivelé, pourcentage maximum en montée, pourcentage instantané. D’ailleurs, la pente maximum indiquée par son compteur est de 19%, soit quand même 5% de plus que ce que nous annonce le profil.
Alors que nous descendons des fortes pentes, nous nous interrogeons sur leur déclivité et pour lever nos interrogations, nous proposons à Bernard de faire demi-tour pour les gravir et nous en indiquer le pourcentage. Il déclinera nos propositions de manière fort compréhensible.
La descente est promptement avalée et nous voilà rapidement à Virieu-le-Petit. Nous admirons un travail de maréchal-ferrant, nous en verrons d’autres d’ailleurs au long des kilomètres restants. On considère que Virieu-le-Petit est le pied de la montée, mais avant d’arriver là, il faut déjà s’élever sensiblement depuis Artemare, et les efforts fait pour arriver jusque là sont loin d’être négligeables.
Le retour sur Yenne se fait par le chemin des écoliers et nous permet d’éviter les grands axes. Les routes sont bien agréables et la circulation ne vient pas nous déranger. Arrivé au niveau de Belley, Yann et moi reconnaissons à nouveau une des routes empruntés lors du 300km. Il faut dire que Belley était un des points de contrôle du parcours. La route n’est pas plate mais ce n’est rien par rapport à ce que nous avons déjà pu faire aujourd’hui. Et puis il y a une belle descente pour rejoindre Yenne. Au final, mon compteur m’indique que je viens d’atteindre la barre de 4 000km pour cette saison.
Avant de nous séparer, pour nous retrouver, pour la plupart, le lendemain au Rallye du Beaujolais, nous buvons un verre afin de comparer nos sentiments sur ce monument de la région. Bärne me l’avait dit la semaine dernière, dans la région, les deux grosses montées, ce sont le Grand Colombier et le Mont du Chat et son relais télé, que nous pouvons d’ailleurs voir depuis Yenne.
Bernard signalera dans la lettre qu’il s’agit ici du col de Selle (1 175m).