Chaillol par le col de Moissière

Alors que la météo n’annonçait pas un très beau week-end, nous avons la (bonne) surprise d’avoir un temps meilleur que la veille. Là aussi, nous allons entrer directement dans le vif du sujet. Au bout de 200m nous sommes déjà sur le triple plateau pour les premières rampes du col de Mance. Le bas du col est effectivement le plus difficile, mais les rampes ne durent pas. Nous grimpons ensuite au travers des champs. La montée doit être assez terrible aux heures chaudes de la journée. Devant nous se dresse le Puy de Manse que nous allons observer sous tous les angles possibles au cours de notre ballade.

Nous sommes rapidement à l’intersection de la route qui nous permet de rejoindre le col, mais nous bifurquons à droite pour redescendre en direction de La Rochette[1] et rejoindre La Batie Neuve. A partir de là, nous sommes sur une petite route revêtue d’un goudron que bien des nationales aimeraient avoir. C’est ainsi jusqu’au hameau des Borels. A partir de là, la départementale se sépare en deux et l’on retrouve un goudron plus conforme à ce que l’on s’attend à rencontrer sur ce genre de route.

Ce hameau marque également le pied du col. La route grimpe bien, mais les pourcentages n’ont rien de terribles pour l’instant. Phil m’a mis en garde contre une inscription « 500m » sur la route et qui annonce les plus fortes pentes de ce col. Au fur et à mesure que nous montons, la route se rétrécit et le revêtement se dégrade légèrement. Nous grimpons en sous-bois et j’aperçois deux fortes rampes dans une longue ligne droite.

Nous nous dressons sur les pédales pour les franchir. A la sortie de l’épingle qui suit immédiatement ces « coups de cul », Phil m’interpelle : «  Alors, tu l’as vu l’inscription ?
– Non, pourquoi ?
– C’est normal, ce n’est pas là. », me lâche-t-il l’air hilare

Comme cela ne me surprend pas, mon moral n’est pas affecté par cette ruse. L’inscription n’est pas beaucoup plus loin. Je ne suis pas sur que les plus fortes pentes soient effectivement là, mais il y un durcissement progressif de la pente qui fait que lorsque les pourcentages sont les plus forts, on est passablement émoussé.

Une fois ce passage terminé, le sommet est rejoint rapidement car la pente est plus douce. Nous sortons de la forêt et arrivons au sommet du col. Il n’est pas très connu, mais mérite vraiment le détour, de par sa difficulté pour les chasseurs de chevrons et parce que la route est bien agréable, pour les chasseurs de cols.

Nous enfilons nos coupe-vents pour attaquer la descente vers Ancelle, un nom prédestiné pour les cyclistes. Après ce village, nous remontons légèrement pour franchir le monticule nous séparant de St Léger les Mélèzes. Nous voilà dans la vallée du Drac. Nous choisissons de ne pas couper au plus court pour rejoindre la station de Chaillol. Cela nous permettra de bénéficier de quelques kilomètres de plat avant de partir dans notre 3ème ascension de la journée.

C’est une montée en station, donc une route relativement large et avec un bon revêtement. La montée ne présente pas de difficultés majeures, et nous l’avalons assez tranquillement. Cela nous permet d’échanger quelques impressions sur le col Agnel que Phil projetait de gravir avec Rod et moi. Finalement, il l’a gravi fin août. Son expression quand je lui en ai parlé a été la suivante : « Une horreur ! ». Sur ces mots, nous arrivons à Chaillol 1600. C’est une station que Phil connait bien car de nombreuses ballades en ski de randonnées partent de là.

La descente est rapidement avalée et nous voilà à nouveau dans la vallée du Drac. Il nous faut affronter le vent pendant quelques kilomètres avant de rejoindre le pied du col de Manse, dernière difficulté du jour. La montée n’a rien d’extraordinaire, mais la fatigue commence à se faire sentir. Le soleil brille est nous sommes content que la majorité de l’ascension se fasse à l’ombre des arbres. Après un dernier virage à droite, nous sommes dans une ligne droite depuis laquelle nous devinons la crête qui marque le sommet du col.

Cette ligne droite présente une pente plus faible mais néanmoins usante. Le sommet est marqué par le passage au refuge Napoléon, à croire que c’est le nom officiel de tout refuge situé au sommet des cols. A partir de là, la route descend sans interruption jusqu’à Gap, de quoi nous reposer un peu, car les pentes n’ont pas manqué jusque là.

Nous marquons une pause à la descente car Philippe me montre le canal d’irrigation dont il m’avait parlé la veille. Ce canal permet d’irriguer les champs et même les propriétés qui sont en contrebas. Nous reprenons la route et retrouvons la nationale 85. Les pentes du col Bayard permettent à nos compteurs de flirter allègrement avec les 60km/h. Nous voilà rapidement revenu à notre point de départ après 80km et environ 2000m de dénivelée.


[1] : De mémoire, c’est dans la descente de La Rochette que Joseba Beloki est tombé lors du Tour de France 2003, mais nous n’emprunterons pas cette route. Philippe me précise qu’une pancarte porte la mention « Passage Armstrong » pour indiquer l’endroit où le coureur américain a traversé le champ.