La Vélocio Ventoux

7h30, Carpentras, nous voilà prêt à partir pour la Vélocio Ventoux. Au programme 140km et 2100m de dénivelée, avec le Mont Ventoux, par Bédoin à mi-parcours. L’affluence est au rendez-vous et nous nous retrouvons rapidement au sein d’un peloton d’une vingtaine de cyclo. Nous trouvons le fléchage parfois un peu juste et commettons une petite erreur d’itinéraire. En réalité, il semble que de nombreuses flèches aient été arrachées.

Quelques kilomètres plus loin, nous commettons une nouvelle erreur de parcours, volontaire cette fois, pour passer par le centre de Perne les Fontaines qui est un point de contrôle BPF. Daniel nous ramène ensuite sur le parcours original. Nous retrouvons à Monteux la route que nous avions emprunté la veille entre Carpentras et Beaumes de Venise. Jusqu’à présent, le parcours est plat, mais nous savons que cela ne durera pas.

Après avoir traversé Loriol du Comtat et Aubignan, nous voilà revenu à Beaumes de Venise. Je propose de nous arrêter pour une dégustation, mais l’heure matinale fait que ma proposition ne rencontre que peu d’échos. Nous nous arrêtons cependant, mais pour retire nos coupe-vents. Le soleil est au rendez-vous, et les premières pentes approchent.

Nous gravissons le bas du col de la Madeleine. Il n’est pas aussi terrible que celui reliant la Maurienne et la Tarentaise, mais avant le Ventoux, il convient d’être prudent. La route grimpe agréablement et nous rapproche du premier ravitaillement. La montée est l’occasion de rencontrer Rita, une cyclote que nous retrouverons à plusieurs reprises sur le parcours. C’est une montagnarde avertie, elle a gravi plusieurs grands cols des Alpes cet été. J’en profite pour en discuter avec elle.

Le sommet franchi, le Mont Ventoux et son imposante masse nous font face. Mais avant de partir à son assaut, il y a le ravitaillement. C’est l’occasion de reprendre quelques forces. Après cette pause, nous terminons la descente jusqu’à Bédoin et le pied du géant de Provence.

Nous décidons de roulent ensemble jusqu’aux fortes pentes, c’est-à-dire Saint Estève. Le pied du col est assez tranquille, c’est un faux plat pendant plusieurs kilomètres. Par curiosité, nous avons déclenché nos chronomètres à la traversée de Bédoin pour comparer nos temps à celui de Daniel que Bernard nous a communiqué dans la lettre précédente.

Nous arrivons maintenant à Saint Estève et comme convenu, chacun prend son rythme. L’épingle à gauche m’a fait mal aux jambes et je peine à trouver mon rythme sur ces forts pourcentages. Je rejoins Daniel qui était une petite centaine de mètre devant Chrystel et moi. Il décide faire la montée avec Chrystel et je continue donc mon ascension seul.

Nombreux sont les cyclos à se mesurer à ce sommet de légende. Les participants à la Vélocio sont facilement identifiables à la plaque de cadre qu’ils arborent. La montée en sous-bois est superbe, mais je ne trouve personne avec qui discuter dans ces pentes. Bien que la route soit en forêt, il n’y a pas d’ombre sur la route car le soleil est déjà haut. L’examen des maillots permet de constater que les cyclos n’ont pas peur des kilomètres pour gravir le Ventoux : je vois des alsaciens, des mosellans et des américains du club des Sacramento Wheelers. En les dépassant, j’encourage les deux courageux qui sont dans les plus fortes pentes sur leur tandem.

Je commence à percevoir les signes annonçant le Chalet Reynard, avec une végétation qui commence à se clairsemer. Effectivement, 500m plus loin me voilà au niveau du Chalet et de la bifurcation pour Sault. Ici s’arrête la végétation et me voilà au cœur d’un paysage lunaire. Les impressions que l’on peut ressentir en traversant ces kilomètres ne sont pas sans rappeler la Casse Déserte de l’Izoard. Les pentes après le Chalet Reynard sont un peu moins raides, mais il faut compter sur la fatigue. Il faut également garder quelques forces pour le dernier kilomètre qui est assez dur.

Il m’aura fallu un peu plus de 2h00 pour arriver au sommet du Géant de Provence, et cette montée figure parmi les plus belles et les plus difficiles qu’il m’ait été donné de faire. En attendant Chrystel et Daniel, je me ravitaille et m’étirer un peu. Je redescend ensuite au devant d’eux pour les retrouver à 1km du Chalet Reynard et terminer l’ascension en leur compagnie.

Nous voilà tous au sommet. Les plus de 3h d’ascension n’ont semble-t-il pas éprouvé Chrystel qui court pour obtenir son point de contrôle BPF. Nous admirons le paysage quelques instants et savourons la satisfaction d’être arrivé au sommet sans trop souffrir avant de redescendre sur Sault pour prendre notre repas. Nous croisons les derniers cyclos à arriver au sommet. Ils ont l’air assez éprouvé, l’un d’eux marche à côté de son vélo, le teint blême, regard dans le vague. Il faut dire que la montée est très exigeante, même pour un cyclo aguerri.

La descente sur Sault se fait prudemment car la route n’est pas aussi bonne que celle de Bédoin. Nous croisons quelques courageux qui gravissent le Ventoux par ce versant, le moins difficile des trois. A l’arrivée sur Sault, il nous faut faire un dernier effort car cette ville est située sur une butte. Il est presque 15h00 et nous commençons à avoir faim, malgré le ravitaillement au sommet du Ventoux.

Nous ne sommes pas les derniers à arriver pour le repas, mais de nombreux cyclos sont déjà passés. Heureusement que l’organisation a prévu des quantités suffisantes pour nourrir généreusement les courageux qui sont sur le parcours. Nous profitons du repas pour bien nous réhydrater car le soleil cogne. Les fruits (raisin et melons) en abondance nous font le plus grand bien.

Après avoir rempli nos bidons, nous voilà prêt à terminer notre périple. Daniel nous propose de nous écarter du parcours pour faire une variante d’un plus grand intérêt touristique et traversant les gorges de la Nesque. Nous laissons donc le parcours à notre gauche pour rejoindre le sommet des gorges. La remontée est assez tranquille et Daniel nous explique que l’itinéraire normal passe par l’autre rive de la Nesque, que nous apercevons en contrebas.

Nous amorçons ensuite la descente des gorges. Les paysages valent largement le détour. La route accrochée à la falaise offre de superbes panoramas, souvent surmontés par le géant de Provence que nous avons vaincu le jour même. La dimension que peut prendre le Mont Ventoux dans ce paysage nous rend d’autant plus fier de notre performance du jour.

La descente se termine et nous revoilà dans la plaine nous conduisant à Carpentras. La chaleur est forte, je m’arrose donc fréquemment avec mon bidon d’eau tiède, voire chaude. L’accumulation des kilomètres et la fatigue inhérente commencent à se faire sentir. Heureusement Carpentras n’est plus très loin. Nous reconnaissons la route par laquelle nous sommes partis le matin même.

Le complexe sportif est maintenant devant nous, nous sommes arrivés. Nous retrouvons des cyclos avec qui nous avons roulé à un moment ou à un autre ainsi que nos voisins de table de ce midi. Eux doivent retourner à Bédoin en vélo, nous nous rentrerons en voiture. Il faut dire que Lyon est sensiblement plus loin de Carpentras. Avant de partir, nous passons un petit coup de fil à Bernard pour lui dire que tout s’est bien passé et prendre des nouvelles du Valence – Valencia. Nous le dérangeons en pleine ascension, l’appel sera donc bref.