La Cime de la Bonette
Nous avions déjà gravi ce sommet et le col associé (col de la Bonette) l’année dernière, mais sans pouvoir profiter du paysage. Nous avions eu un fort vent depuis les casernes de Restefond, des nuages au sommet et de la pluie pour la descente. Les conditions étaient telles que nous avions descendus les premiers km avec un pied déchaussé par prudence.
Cette année la météo est bien plus clémente et c’est sous un grand soleil que nous quittons Barcelonnette. Le pied du col est à Jausiers, mais la petite dizaine de km qui nous en sépare nous servira d’échauffement. Nous traversons Jausiers et bifurquons à droite en direction de la Cime de la Bonette, le panneau indique qu’il nous faudra accomplir 24km d’ascension. Quelques centaines de mètres plus loin, un panneau indique fièrement que nous empruntons la plus haute route d’Europe et qu’il ne nous reste plus que 23km. D’après nos compteurs, il est préférable de se fier à la pancarte de l’intersection. Ce n’est d’ailleurs pas la seule fois où les panneaux « Plus haute route d’Europe » indiqueront des informations kilométriques incorrectes, voire parfois aberrantes.
Si le premier kilomètre se fait en faux plat, il ne faut pas attendre longtemps pour rencontrer des vraies pentes. Rodolphe a pris quelques longueurs d’avances sur moi à la faveur d’une pause pipi. Il ralentit pour m’attendre car je suis en pleine discussion avec un cyclo que nous avions dépassé peu avant. Nous échangeons nos impressions sur les différents cols que nous avons gravis (Agnel, Izoard, Cayolle, …). Il s’avère que son programme du moment est très comparable au notre, il était hier sur les pentes de la Cayolle et sera demain sur celles du col d’Allos. Finalement, chacun continue à son rythme. Nous avons franchi une première zone de lacets et sommes désormais à un peu plus de 1400m.
Nous grimpons ensuite quelques temps avec un belge qui emmène un braquet démentiel (à vue d’œil, je penche pour quelque chose comme 44*24). Il a déjà gravi la cime il y a deux jours mais semble bien l’apprécier puisqu’il y retourne. Finalement, il grimpe un peu moins vite que nous et perd du terrain petit à petit, certainement pénalisé par son énorme développement.
Nous apercevons sur notre droite la masse rocheuse de la Grande Séolane et continuons à grimper. La pente est relativement forte, mais très régulière. Nous amorçons ensuite une série d’épingles qui permettent de franchir un verrou rocheux. Nous sommes maintenant au cœur des alpages, des mélèzes et des rochers. Nous admirons la vue, notamment une magnifique cascade et attendons le léger replat figurant sur le profil en notre possession. Ce replat est situé sur le km franchissant l’altitude 2000m. Plutôt qu’un replat, il s’agit d’une zone où les pentes varient, entre 4 et 8%.
Cette zone nous permet de récupérer un peu car nous voyons la route qui grimpe au-dessus de nos têtes. Il y a ensuite 3 km relativement durs qui permettent de franchir un nouveau verrou rocheux. La pente se radoucit ensuite et la route, dans une grande courbe à gauche, contourne un petit lac. Après ce lac, il y a, à nouveau, 3km plus durs qui conduisent aux casernes de Restefond. Les casernes ne sont visibles que lorsque nous sommes tout proche, la route serpentant un moment au pied du surplomb rocheux. Ce passage parait plus difficile que le précédent, même si la pente n’excède théoriquement pas les 8%. Peut-être faut-il y voir là les effets conjugués de la fatigue et de l’altitude.
Notre compagnon belge du pied du col nous a rejoins et c’est en sa compagnie que nous surprenons le photographe en pleine discussion avec un courageux cyclo arrêté. Au prix d’une course à pied, il a le temps de nous prendre en photo et de nous laisser la carte du magasin pour lequel il officie. Un camion de maçons ayant assisté au manège nous propose aussi sa carte.
Après les casernes de Restefond la pente se radoucit vraiment et nous permet de reprendre des forces avant le piton final. Nous voyons partir sur notre droite une piste rejoignant le col de la Moutière (carrossable depuis la vallée de la Tinée). Il semble s’agir d’une piste et pas d’un chemin, donc avec des bons pneumatiques et un peu de prudence, cet itinéraire doit être fréquentable. Nous apercevons le sommet du col de la Moutière et devinons que Bayasse n’est pas loin, le GR 56 rejoignant les 2.
Alors que nos compteurs sont unanimes à indique 3km du sommet, une fière pancarte « Plus haute route d’Europe » en affiche 5. Il doit s’agir d’une erreur où alors nos trois compteurs sont très mal étalonnés. Après une dernière courbe, le piton final se dresse devant nous. Il est toujours aussi impressionnant. Sur notre gauche, une trouée dans l’arête rocheuse marque le sommet du col, mais nous filons tout droit pour faire le tour du piton et triompher de ses 2802m.
Sur le pied du piton, la pente est clémente mais les 500 derniers mètres sont beaucoup plus ardus. A moins de 200m du sommet notre collègue belge accélère et malgré mes efforts je ne peux que le laisser filer. L’idée d’accélérer n’a même pas effleuré Rodolphe. Il faut dire que son genou le fait un peu souffrir et il préfère rester prudent.
Enfin, cette année, nos 2h25 et 23,65km d’efforts sont récompensés pas le panorama. Je reconnais les sommets qui me sont familiers : le Mont Pelat, le Cimet, les Tours du Lac (qui entourent le lac d’Allos), le sommet des Garrets (au pied duquel passe la route du col de la Cayolle), la Tête de l’Encombrette (derrière laquelle il y a le col des Champs). De l’autre côté, nous voyons le Mont Viso, à proximité duquel nous étions 3 jours plus tôt, et le Brec de Chambeyron.
Nous redescendons ensuite nous restaurer sur Barcelonnette. La première partie de la descente se fait sur une route très agréable. Par contre, à partir des deux épingles surplombant le bar situé à 2000m d’altitude, la chaussée est plus irrégulière et nous demande beaucoup d’attentions. Pour preuve, le cyclo surpris par une bosse à l’entrée de cette première épingle qui a du se livrer à un blocage de roue pour éviter de tirer tout droit dans le fossé.