Le col du Parpaillon
Aujourd’hui, nous laissons nos montures habituelles au repos et louons des VTT à Barcelonnette car la route du Parpaillon se transforme rapidement en chemin.
Cette montée me fait rêver depuis une quinzaine d’année et le visionnage d’un documentaire sur Arte. Ce documentaire relatait la montée du Parpaillon (côté Embrun il me semble) de différentes personnes. Il ne me reste plus que des bribes de souvenirs tels que le cyclo grimpant avec sa roue lenticulaire et terrorisant tout le monde sur son passage avec le bruit qu’il générait. Depuis cette émission, j’avais décidé que je le gravirais un jour.
La météo du jour n’est pas très engageante, il tombe même quelques gouttes par moment, mais l’optimisme est là. J’ai décidé qu’aujourd’hui il ferait beau. La dernière fois que j’avais pris cette décision, c’était pour le 300km de Seynod et Chrystel, Gilles et Yann pourront vus confirmer que cela n’avait pas suffit. J’espère avoir plus de chance aujourd’hui. Le journal indique que le soleil doit rapidement prendre le dessus sur les nuages.
Nous récupérons les VTT à Barcelonnette et nous voilà parti, sous un soleil qui commencer à poindre à travers les nuages. Nous roulons tranquillement jusqu’à Jausiers et continuons en direction de l’Italie, le col de Larche et le col de Vars jusqu’à La Condamine Chatelard. Arrivé dans le village, un hôtel appelé « Le Parpaillon » nous indique que nous au sommes au pied de l’ascension. Nous bifurquons à gauche et gravissons les premières pentes sous un grand soleil. L’optimisme et ma résolution du matin ont portés leurs fruits.
Les pentes sont tout de suites relativement raides, autour de 8%, et nous pouvons constater que nous nous élevons rapidement. Au gré des épingles, nous admirons la vue sur la vallée et les sommets qui la surplombent ainsi que sur l’imposant complexe du fort du Tournoux. Nous arrivons ensuite au Pras où la pente se radoucit légèrement. Il y a là 1km marqué comme difficile ou dangereux sur ma carte Michelin, mais j’avoue ne pas très bien saisir pourquoi. Nous bifurquons à droite en direction du tunnel du Parpaillon, indiqué à 12km.
Nous marquons une pause un peu plus loin, au niveau de la chapelle Ste Anne. Un panneau nous précise la faune et la flore locale. La chapelle marque la fin de la route, nous débloquons nos fourches. Le chemin va nous permettre de profiter des pneus larges et de la suspension avant. Avec l’habitude du vélo de route, il est frustrant de rouler sur une route avec un VTT. On a sans cesse l’impression que le pneu arrière mord le goudron et ne veut pas le lâcher. Malheureusement, entre Barcelonnette et La Condamine nous n’avions pas d’autre alternative que la route.
Nous voilà reparti jusqu’au pont de Bénard où nous franchissons un affluent du Parpaillon. Un panneau nous met en garde car nous entrons dans une zone de pâturages et les troupeaux sont protégés des prédateurs par des patous des Pyrénées. Ce chien est un redoutable gardien de troupeaux mais a parfois tendance à considérer tout ce qui approche du troupeau qu’il garde comme hostile, à tort (randonneur, VTTiste…) ou à raison (loup, lynx, ours, chien abandonné…). Quelques consignes simples sont donc exposées.
Le sommet est indiqué distant de 9km et la buvette de 3km. Nous devinons que cette buvette est en réalité la cabane du Grand Parpaillon, située au pied de la montée finale. Il est toujours surprenant de trouver une buvette au milieu de nulle part à plus de 2000m d’altitude. Mais il ne faut pas oublier que le piste que nous empruntons correspond également au GR56 (celui qui passe par Bayasse et le col de la moutière).
Nous sommes arrêtés par une averse quelques instants plus tard. Le grand soleil n’était plus de rigueur depuis quelques kilomètres déjà. Nous voyions les nuages s’amonceler sur les sommets. Heureusement, il s’agira d’une averse passagère puisque 10 minutes plus tard nous serons à nouveau sur nos vélos.
Nous approchons de la cabane et la piste semble quasiment sèche. Nous nous ravitaillons avant les 6 derniers kilomètres d’asvension. Nous voyons partir devant nous deux italiens en vélo, dont nous reconnaissons le combi VW garé le long du chemin, ils nous ont dépassés dans le bas de la montée. 100m plus loin, ils se font charger par les fameux patous qui gardent le troupeau que nous apercevons. Les chiens sont prestement rappelés à l’ordre par un berger qui sort de la cabane.
La piste grimpe maintenant sérieusement et nous apercevons le GR56 qui continue à suivre le Parpaillon en contrebas. Nous devinons le chemin qui continue à grimper devant nous et profitons du paysage. Une marmotte, juchée sur un rocher surplombant la route nous regarde passer. Plus loin en contrebas, quelques chevaux semblent perdus au milieu de ces montagnes. La montée continue maintenant en épingles.
A partir de ce moment, les pauses seront plus fréquentes car le rendement d’un VTT n’est pas celui d’un vélo de route. En outre, il est très délicat pour les VTTistes occasionnels que nous sommes de nous hydrater sans nous arrêter. De plus, le changement de position nous pose quelques problèmes et les efforts accumulés depuis le début du séjour doivent également se faire sentir.
Quasiment tout le long de la montée nous sommes en mesure de juger de notre élévation d’un simple coup d’œil à la buvette qui devient de plus en plus petite. La montée commence à nous semble interminable quand nous croisons deux VTTistes qui nous informent que le sommet n’est plus distant que d’1 km.
Avant cela, il nous faudra traverser un troupeau de mouton paisiblement couché au milieu du chemin. Pour ne pas les affoler, et surtout ne pas affoler les fameux patous qui les gardent, nous mettons pied à terre une bonne vingtaine de mètre avant le troupeau. Les moutons s’écartent à notre passage, vers la fin, les chiens nous escortent pour s’assurer que notre attitude n’est pas hostile.
Nous ré-enfourchons nos VTT pour un dernier effort de 500m. Il ne nous reste plus qu’une épingle à gauche suivie d’un virage à droite avant d’apercevoir le tunnel qui marque le sommet du col. Nous y sommes 4h après avoir quitté Barcelonnette. Un 4*4 franchi le tunnel au moment où nous arrivons.
Ce tunnel est assez impressionnant car il mesure presque 500m de long et sa configuration fait que nous n’en apercevons pas l’autre extrémité. N’étant pas équipé de lampes frontales ni d’aucun autre éclairage, nous renonçons à le franchir. Le conducteur du 4*4 nous a proposé de nous éclairer, mais ensuite, il nous faudrait le retraverser dans l’autre sens et dans l’obscurité.
Les italiens arrivés au sommet quelques instants après nous s’y engagent avec chacun une lampe torche. Nous les voyons revenir quelques instants après, ils ont eux aussi renoncés à le traverser. Il faut dire que le chemin semble comporter quelques immenses flaques d’eau et il y fait très froid. Le simple fait de s’engager de quelques mètres dans le tunnel, et une sensation de froid vous saisi.
Avant de redescendre, nous nous restaurons un brin en admirant la vue sur le Brec de Chambeyron. Il est 13h et la faim se fait sentir. Comme la température n’est pas très élevée, nous décidons de finir notre pique-nique près de la cabanne. Nous voilà donc parti pour la descente.
Cette descente doit être très agréable pour un VTTiste expérimenté, ce qui ni Rodolphe ni moi ne sommes. Nous y allons donc très doucement, surtout qu’il recommence à tomber quelques gouttes. Nous apprécions les amortisseurs qui évitent à nos poignets et nos épaules de trop souffrir. La seule « frayeur » à la descente sera lors de la traversée, à pied, du troupeau de mouton. Un des patous s’approche de moi en aboyant, je m’arrête, lui se tait, et je peux reprendre mon chemin mais il ne me quitte pas des yeux.
Arrivé à la cabane, le pique-nique se continue. Nous aurons l’occasion de voir le berger nourrir un petit cabri et un petit agneau au biberon. Les chiens du berger se promènent autour de nous et un jeune patou des Pyrénées profite d’un instant d’inattention de notre part pour se jeter sur notre sac et essayer de nous voler le saucisson. Mais étant plus affamé que lui, nous ne lui retireront rapidement le sac.
Nous poursuivons ensuite notre descente sous un ciel qui se couvre de plus en plus. Arrivés à La Condamine, quelques gouttes nous accueillent. 2km plus loin, une violente pluie d’orage nous surprend. Nous nous mettons à rouler le plus vite possible pour trouver un abri, alors que la pluie nous fouette les jambes et le visage. Finalement, il nous faudra atteindre Jausiers pour trouver un arrêt de bus scolaire pour nous abriter.
Malgré la pluie, Rodolphe et moi sommes mort de rire en attendant le répit qui nous permettra de repartir. Il nous faut attendre ¼ d’heure avant de repartir. Alors que nous roulons trempés vers Barcelonnette, Rodolphe me lance : « C’est un avant-goût du Paris – Brest – Paris ! ». C’est les vêtements gorgés d’eau mais heureux que nous allons rendre le vélo et rejoindre le gite et prendre une bonne douche, chaude cette fois-ci.
Renseignement pris auprès d’autres cyclos l’ayant fait fin mai / début juin, il est fait très très froid dans ce tunnel. Il y avait encore du verglas quand ils l’ont franchi.