Explore Corsica Challenge
Explore Corsica #1 : Le Cap Corse
A peine rentré d’Angleterre, me voilà a préparé mes affaires pour la Corse où je suis engagé pour l’Explore Corsica Challenge. Mercredi fin de matinée, direction le train. Je fais connaissance avec Alexis, lui aussi lyonnais et participant à l’épreuve. Dans le train, nous faisons également connaissance avec un cyclo qui part pour ses vacances en voyage itinérant en Corse. L’embarquement sera un peu long, le personnel n’ayant manifestement pas prévu un tel afflux de passager d’un coup.
A l’embarquement, on passe devant les emplacements pour les vélos. Dossard 1 : Cadel Evans, dossard 2 : Franck Schleck, des noms qui parlent. Une fois à bord, je retrouve Stéphane (c’est déjà lui qui m’avait entrainé sur la Haute Route il y a 3 ans) et fait connaissance avec ses 2 copains de l’ACBB : David et Benoit. Discipliné, nous nous rendons au briefing qui débute avec retard conséquent du fait des difficultés liées à l’embarquement. C’est un peu long et trop promotionnel à mon goût. On nous présente les capitaines de route, pas mal de spécialistes des cyclosportives, des triathlètes (le top niveau français avec Charlotte Morel et Frédéric Belaubre), quelques pros (Edvaldas Siskevicius, Benjamin Giraud). Il y a aussi quelques anciennes stars d’autres spécialités : Richard Dacoury, Nathalie Simon. La lanterne rouge chargée de ramener tout le monde à bon port est également connue : Jean-Claude Bagot, toujours très affuté.
Comme le briefing fini plus tard qu’annoncé, dès la fin, tout le monde se rue au self, il y a une attente pas possible, du coup, on patiente en préparant nos affaires pour le lendemain. Le coucher est un peu plus tardif que ce dont j’ai l’habitude et le sommeil sera difficile à trouver, le temps de s’habituer aux vibrations du navire.
Le lendemain, nous nous retrouvons au petit déjeuner. Nous sommes largement en avance sur la ligne de départ, ce qui nous permet de nous échauffer. David et Stéphane commencent à grimper le col de Teghime, Benoit et moi faisons demi-tour dès la première rampe. Nous préférons un parcours plus plat en guise d’échauffement. Nous suivons tous le protocole de Benoit, avec ses variations d’intensités. On sent bien qu’il ne roule pas dans la même catégorie que nous. Nous allons ensuite prendre place sur la ligne de départ.
Les 3 premiers km sont neutralisés et se font derrière la voiture ouvreuse. A peine la balise de chronométrage franchie, ça part. Pas d’affolement, je monte à mon rythme, même s’il est toujours un peu dur à trouver quand ça part fort. Comme souvent dans ces cas-là, je me base sur mes vitesses ascensionnelles, essayant de la maintenir autour de 1000m/h. Le sommet du col est au km 11, la portion chronométrée fait 7km. En étudiant le livre de route, on a mémorisé certaines indications kilométriques concernant les segments. La montée est assez irrégulière, j’ai l’impression de me faire doubler par pas mal de monde, mais tant pis, je fais ce que je peux.
Arrivé au sommet, je bascule avec Stéphane. David et Benoit sont loin devant, mais nous avons prévu de nous retrouver au ravitaillement. C’est ce qui se produit, on en profite pour échanger nos impressions. Benoit a fait la descente dans la roue de Cadel Evans. On repart, le prochain segment chronométré n’est pas très loin, c’est un segment rouleur, il est donc intéressant de faire un bon groupe pour nous relayer efficacement.
On passe la balise de chronométrage et on appuie sur les pédales. Pour un segment rouleur, il est quand même bien cabossé. Ca commence par un longue portion montante jusque Nonza. Ça craque au fur et à mesure de la montée. Quand on bascule, nous ne sommes plus que 5, David, Benoit, un marseillais, un anglais et moi, mais l’anglais et moi ne sommes pas en capacité de passer des relais. On profite de la descente pour rester dans les roues, mais dès que ça remonte, nous sautons. Je me retrouve seul, je continue à forcer pour me rapprocher du groupe que j’ai en point de mire, mais je n’arrive pas à recoller. Heureusement, ça revient de l’arrière et je peux prendre les roues du groupe. Nous recollons et les relais passent bien. Je peux prendre ma part de travail, Stéphane est là également et les relais sont efficaces. A la balise de chronométrage, on se relève et on se sert la main à l’avant pour se remercier du travail effectué.
Nous avons droit à un peu de répit avant le prochain segment chronométré, celui du col de Santa Lucia. Au pied du col, ça part vite, Stéphane et moi faisons parti des quelques cyclos qui ont sauté. Le groupe n’est pas loin devant, je profite d’un replat pour me mettre sur la plaque et recoller avec Stéphane. L’allure du groupe semble s’être ralentie, je passe devant pour monter à ma main. Apparemment, ce n’est pas le bon rythme pour le groupe puisque nous nous retrouvons à deux devant. J’ai Charlotte Morel dans ma roue ! Elle a de la réserve, ce qui n’est pas vraiment mon cas, mais c’est toujours sympa de rouler avec des champions.
On arrive au sommet où nous attendent David et Benoit. On profite du ravitaillement avant de reprendre la route. Il nous reste encore un segment rouleur de 3km, c’est court, mais ça va toujours mieux en groupe. On s’interroge quand même sur le profil, car le segment autour de Nonza nous a surpris par son relief. Le versant Est du cap Corse et normalement moins vallonné que le versant Ouest. Nous descendons tranquillement, pas question de prendre des risques. Nous sommes un petit groupe lorsque le segment débute.
A nouveau, on se donne à fond, les relais passent bien sur ces quelques kilomètres au relief moins accidenté que tout à l’heure. Nous reprenons le groupe de Charlotte Morel qui ne semble pas jouer le chrono sur le segment, tout le monde restant dans la roue des capitaines de route qui ne semblent pas forcer outre mesure. Nous sommes 7 ou 8 quand le segment se termine et nous nous félicitons mutuellement. A partir de là, c’est relâche. On fait la pause à Erbalunga pour un dernier ravitaillement. Ensuite, ce sera le retour tranquille à Bastia. Puis le rituel de l’après-midi pour les prochains jours va se mettre en place : douche, repas, massage, électro-stimulation, Giro, protocole et briefing avant de sortir manger en ville…
Explore Corsica #2 : Au sommet de Bavella
Le bateau parti hier soir de Bastia est maintenant dans le port de Porto-Vecchio. La première partie de l’étape est neutralisée pendant 20km. Nous roulons derrière la voiture ouvreuse. La côte n’est jamais vraiment plate et ça roule fort. Étant moins à l’aise en peloton que Stéphane, David et Benoit, j’ai pas mal perdu de places par rapport à eux. A peine l’allure libérée, ça s’emballe. Je vois le groupe des cadors partir devant. Je me retrouve à discuter avec un québecois, je lui dit que j’ai vu un nom familier, celui de Simon avec qui nous avions pas mal roulé sur la Haute-Route, mais je ne sais pas si c’est un homonyme ou pas. Il me dit que je vais pouvoir lui demander car il est juste devant lui. Je me porte à sa hauteur, c’est bien lui. Un grand plaisir de nous retrouver. On discute sur ce que l’on a fait depuis la Haute-Route. Lui est venu avec son fils qui est dans le top 5 au général, impressionnant.
Le groupe est en train de casser, on décide de faire le saut pour boucher le trou et recoller au groupe devant nous. C’est déjà la deuxième fois que je fais ça aujourd’hui, c’est l’inconvénient de perdre des places dans le peloton en début de parcours.
J’aperçois le maillot gris et orange de Stéphane à l’avant du groupe. Une nouvelle cassure m’obligera à recoller une troisième fois. Je remonte à l’avant et rejoint Stéphane. Nous sommes dans l’approche de la première montée du jour parmi un groupe mené par Frédéric Belaubre. Le groupe va se séparer avec le ravitaillement, chacun prenant ensuite son rythme dans la montée du premier col du jour, celui de Larona. Comme hier, je monte à ma main en me fiant à la vitesses ascensionnelle indiquée par mon GPS. Stéphane a lâché prise, je grimpe seul, j’ai moins l’impression de perdre de places qu’hier dans le Teghime. je suis doublé, mais je double aussi du monde. Il y a quelques bonnes rampes dans le col, mais rien de très long non plus. Il fait chaud, mais la route est souvent en sous-bois ce qui apporte nous un peu de fraicheur.
Avec la chaleur, un ravitaillement a été rajouté au sommet du col de Larone. J’en profite pour faire une courte pause en attendant Stéphane. Je vois arriver Simon mais il me dit ne pas l’avoir vu. Il a du passer pendant que je buvais un verre d’eau, je repars. Une petite descente nous attend avant le début de la montée de Bavella, histoire de reprendre des forces. Dès le pied de la montée, je reconnais l’une des féminines qui joue le général. Elle nous dépasse, pas question d’essayer de la suivre. Encore une fois, je grimpe à ma main. Nous allons faire une bonne partie de la montée à trois. On se fera aussi dépasser par les 2 championnes de triathlon, Camille Donnat et Charlotte Morel, qui discutent l’air de rien sur des pentes pourtant assez fortes. On finit par rejoindre Stéphane qui souffre un peu sur ces forts pourcentages. L’un des cyclos avec qui nous montions a fini par craquer et nous ne sommes plus que 2. J’ai droit à quelques remerciements du cyclo qui grimpe dans ma roue. Mon allure régulière lui convient bien, il m’avoue que sans moi, il aurait certainement « fait n’importe quoi dans la montée », selon ses propres mots. Je guette les kilomètres qui défilent, il doit en rester moins de 2 maintenant, mais toujours pas de panneau. La pente se raidit, signe que le sommet est proche. On avait bien repéré que le final était le plus dur, en se disant que quand ce serait dur, ce serait bon signe.
Nous venons de passer le panneau du dernier kilomètre, la route serpente entre les chalets du village de Bavella. un dernier effort et nous basculons dans la descente. La ravitaillement est un peu plus loin. La charcuterie Corse rencontre un vrai succès. En route pour la descente sur Zonza, la présence de l’hippodrome surprend beaucoup de monde. Nous avons 20km de descente, pas toujours très bonne avant de recommencer à monter. Nous pensions avoir plus que cela, mais c’était oublier que la montée du col de Bacinu commençait bien avant le début du segment chronométré.
Dès que ça monte, le petit groupe que nous avions fait explose. Je me relève rapidement, pas question de gaspiller des forces avant le segment chronométré.
Un dernier ravitaillement et nous voilà parti. Je suis plutôt en jambe sur cette montée, j’ai un autre cyclo avec moi, j’espère que nous allons pouvoir nous relayer car le vent est défavorable. Malheureusement, il ne restera pas avec moi très longtemps. Je double du monde dans la montée et j’ai un cyclo en point de mire quand commence une courte descente. Il me semble bien que c’est Simon. Le dernier kilomètre remonte à nouveau, pas moyen de me rapprocher et de reprendre ce cyclo. Au sommet, je constate que c’était bien Simon. Il me dit en rigolant qu’il a un gros orgueil et qu’il ne voulait pas que je le reprenne. Je lui répond sur le ton de la plaisanterie que moi aussi j’avais un gros orgueil, mais que j’avais des petites cuisses. Stéphane arrive peu après, il a pris des crampes dans le final. Un docteur présent sur place lui conseille une bonne position pour s’étirer sur le vélo en descendant.
Dans la descente, nous allons former un groupe en prévision du dernier segment rouleur. La première partie de la descente est assez roulante et la seconde partie se fait plus technique sur des routes de moindre importances, mais typiques de la Corse avec des petits murets de part et d’autre de la route. Le segment est court, 3km, ça va donc être à bloc tout du long. Les relais passent plutôt bien, même si une des personnes n’a jamais roulé de cette manière et ne sait pas comment faire. Elle suit donc la roue de celui qui le précède sans jamais passer devant. Une fois le segment terminé, on lui expliquera le fonctionnement des relais. C’est sur que quand on jamais fait, on ne peut pas deviner comment ça marche.
De retour à Porto-Vecchio, on retrouve David et Benoit, ils ont encore roulé comme des avions aujourd’hui. Le rituel de l’après-midi sera le même que celui d’hier : douche, repas, massage, électro-stimulation, Giro, protocole et briefing avant de sortir manger en ville. Le repas sera plus décontracté, nous n’avons pas la contrainte de l’heure limite d’embarquement, le départ se faisant à nouveau de Porto-Vecchio demain matin.
Dans l’après-midi, j’aurais également l’occasion de discuter avec Cadel Evans qui était sur le stand BMC lors de mon passage. Je n’ai pas pour habitude de demander des photos ou des autographes quand je croise des célébrités, mais là, j’ai osé. C’est l’un des plus grands champions cyclistes des années 2000 et le tour de France qu’il a gagné en 2011 est certainement celui qui m’a fait le plus vibrer depuis très longtemps.
Explore Corsica #3 : De mare a mare
Pour la troisième journée, nous allons commencer par la montée de l’Ospedale. Ce sera la seule difficulté du jour, enfin, la seule qui soit chronométrée. Comme nous avons le temps entre le débarquement et le départ, nous allons nous échauffer.
Il n’y a pas beaucoup de kilomètres neutralisés, juste le temps de sortir de la ville et d’arriver sur les premières pentes. A peine la balise de chronométrage franchie, chacun prend son rythme, ou ce qu’il pense être son rythme. J’aperçois Cadel Evans, Stéphane est juste devant moi, je lui indique que nous sommes dans le bon groupe si Evans est là. Nous le verrons pas longtemps, son allure n’est pas vraiment la nôtre.
La montée n’est pas si dure que ça dans sa première partie, mais c’est le troisième jour, malgré les massages et l’électrostimulation, les jambes sont un peu lourdes, surtout avec un départ quasiment en côte. Je reconnais la fontaine sur le bas-côté où nous avions refait nos bidons lors de notre Tour de Corse (lien).
Au fil des kilomètres, je commence à trouver un rythme. Un petit groupe s’est formé alors que nous approchons du village de L’Ospedale. C’est là que se trouvent les pentes les plus raides. Passé le village, c’est quasiment fini. Le portique de chronométrage est effectivement peu après.
Ceux qui ne connaissent pas découvrent le lac, haut en cette saison, pas de souches sur les berges comme nous avions eu en septembre (lien). Pas de vaches non plus pour traverser devant nous. Je discute avec Benjamin Giraud, pro chez Delko – Marseille Provence – KTM. Il me demande ce que je pense de mon vélo, je roule aussi sur un KTM. Nous arrivons ensemble au ravitaillement.
J’attends Stéphane qui arrive peu après, et nous repartons après la pause. Un petit groupe va se former à l’approche du segment chronométré suivant. On commence à rouler fort et à nous relayer, le capitaine de route prenant sa part dans les relais. Nous levons rapidement le pied car nous nous retrouvons derrière un camion, pas question des prendre des risques nous attendons sagement et à distance respectable pour ne pas nous faire surprendre par un freinage intempestif.
Nous traversons Quenza, un regard en arrière nous offre un joli point de vue sur les aiguilles de Bavella. Un nouveau ravitaillement nous attend un peu plus loin. On se ravitaille en vue des prochains segments chronométrés, un segment en montée vers Serra-di-Scopamène. Le segment n’est pas trop long et il a même été raccourci à cause de travaux, ça tombe bien, j’ai du mal à monter à un bon rythme. Stéphane me rejoint peu après que nous ayons basculé et nous allons former un bon petit groupe dans la longue descente. Stéphane a forcé un peu l’allure, mais voyant que tout le monde voulait y aller tranquille, il a finalement levé le pied. Je suis plutôt à l’arrière du groupe et j’ai une petite frayeur en voyant un des membres du groupe bloquer sa roue dans un virage qui semblait pourtant anodin.
On profite des paysages de la descente, il fait de plus en plus chaud au fur et à mesure que nous perdons de l’altitude. Il nous reste une bosse à passer pour rejoindre le dernier segment chronométré. On discute à l’avant du groupe, il y a là 3 copains aux maillots blancs floqués à leur prénom, ils plaisantent beaucoup et sont assez chambreurs. Apparemment j’ai dû forcé l’allure à un moment où j’étais devant, c’est ce que m’a dit Stéphane, car le groupe s’est scindé en deux et je ne m’en suis pas aperçu.
Le dernier segment arrive et nous reprenons les relais. Les 3 maillots blancs passent des bons relais. L’un d’eux m’a averti que celui que je suivais ne savais pas rouler en groupe. Effectivement, il a du mal à garder sa ligne et ça demande de la concentration pour rester derrière lui. Une fois le segment terminé on se relève, je me fais gentiment chambrer par Manon à qui nous avions expliqué le principe des passages de relais la veille (lien) afin de savoir si elle avait bien respecté les consignes.
Il n’y a plus qu’à nous laisser glisser sur Propriano afin de rejoindre le port. Alors que nous descendons, nous croisons Edvaldas Siskevicius qui remonte, surement pour allonger la distance en vue du Dauphiné Libéré qui approche.
Le rythme de l’après-midi est toujours le même : douche, repas, massage, électrostimulation, Giro, avant d’aller boire une bière en ville et de nous retrouver tous pour le diner. Le bateau appareille le soir pour rejoindre L’Ile Rousse pendant la nuit.
Explore Corsica #4 : La Balagne et le désert des Agriates
Dernière étape aujourd’hui entre L’Ile Rousse et Bastia. Chacun a regardé son classement et va essayer de l’améliorer. Benoit qui est aux portes du top 10 à même mémorisé quelques dossards à surveiller. Pour David, Stéphane et moi, il y a trop de dossards à surveiller.
Comme le bateau appareille tôt, nous avons de l’attente avant le départ, on en profite pour aller s’échauffer un peu avant de rejoindre le sas de départ. Benoit suis son protocole habituel de son côté tandis que nous roulons de notre côté. Il y a une petite bosse qui nous permet de nous échauffer car nous allons monter assez rapidement après le départ.
Le départ se fait assez rapidement, nous sommes rapidement dans la montée. J’ai un peu de mal au pied, mais je m’accroche. Au fil des kilomètres, ça va mieux, les muscles sont chauds. Ca monte au train, j’arrive suivre le premier groupe qui n’a pas forcé l’allure. Je décide finalement de me relever afin de garder des forces pour les segments chronométrés.
J’attends le groupe suivant dans lequel se trouve Stéphane. Nous sommes maintenant sur une route en balcon au cœur de la Balagne, une région que je ne connaissais pas et qui est vraiment superbe. Je discute avec le patron de Vélo 101, cela fait 3j de suite que nous nous retrouvons dans les mêmes groupes. C’est Nicolas Reynaud, ancien pro chez Agritubel, qui donne le tempo en tant que capitaine de route.
Le segment chronométré arrive et à peine les balises passées, un gars nous met une mine, suivi 100m plus loin par un autre. Les relais ne passent pas bien, nous ne sommes que 2, puis 3 à passer. On a repris le second cyclo qui était sorti, le premier est 20m devant. Il gardera son avance jusqu’au bout.
Nous arrivons au premier ravitaillement, j’y aperçois Cadel Evans et Nicolas Roux. On en traine pas trop et on repart. La route continue en balcon quelques kilomètres avant de plonger sur la côte. Il y a maintenant un peu plus de circulation et nous roulons en file indienne. Je me retrouve avec l’organisateur du Tortour, une épreuve d’ultra en Suisse qu’un copain a faite plusieurs fois. L’an passé notre BRM600 était à contresens du Tortour et nous avions croisé quelques-uns des participants.
La bosse arrive, nous sommes à nouveau un petit groupe mené par Nicolas Reynaud. Dès le pied de la côte, quelques concurrents partent. Je prends la tête du groupe pour monter à ma main. Avec le vent de face, ce n’est pas évident. Assez rapidement, le groupe, toujours mené par Nicolas me reprend. C’est lui qui donne l’allure et nous coupe le vent. Je profite de l’abri. Nous reprenons les cyclos qui étaient sortis en bas, j’entends derrière moi que ça chambre un peu en criant « Pétard mouillé ! Pétard mouillé ! ». Au fur et à mesure de la montée, ça lâche, nous ne sommes plus que 3 dans sa roue quand nous arrivons en vue du sommet. Ça sprinte pour gagner quelques secondes, moi je suis un peu juste.
Le ravitaillement est juste au sommet, j’y attends Stéphane qui arrive peu après. Cadel Evans est là, en pleine séance photo, comme tout à l’heure, j’y reconnais aussi Nicolas Roux et Frank Schleck. On se ravitaille et on discute avant de repartir pour la traversée du désert des Agriates. Je propose à Stéphane de la faire tranquille, ça semble lui convenir.
Nous repartons donc et d’autres cyclone vont nous rejoindre pour former un groupe. Alors que nous pouvions profiter des paysages, ça roule fort, ils semblent avoir décidé d’appuyer sur les pédales jusqu’au bout. C’est le nez dans le guidon que nous traversons la région. La descente sera un peu pénible avec un cyclo qui prend des risques dingues et une voiture bien décidée à nous pourrir la vie. Un dépassement plus que limite et une attitude destinée à nous empêcher de la dépasser quand nous étions plus rapides qu’elle. A tel point que la gendarmerie va intervenir et lui intimer l’ordre de se garer sur le côté le temps que le groupe au sein duquel elle s’était immiscée ait fini de passer.
Nous avons fini de traverser Saint-Florent et le dernier ravitaillement nous attend. Nous repartons groupés, toujours avec Nicolas comme capitaine de route. Plus que le col Teghime à franchir. Je pensais connaitre ce versant depuis mon tour de Corse (lien) mais j’oubliais qu’il y avait une troisième route, c’est donc une montée inédite pour moi. Dès le pied, c’est le sauve-qui-peut, rapidement nous ne sommes plus que 2 ou 3 dans la roue de Nicolas. En me retournant, je vois arriver la Suissesse qui joue la gagne au général et je dis « Tiens, voilà une championne ». Quand elle passe à notre hauteur, Nicolas lui demande si elle joue le général, réponse positive, il lui dit : « Prend ma roue » et va lui donner le tempo jusqu’en haut.
Je grimpe à ma main, mais c’est dur, après avoir repris des cyclos dans la première partie, je vais finir par me faire décrocher par les cyclos que j’avais repris plus tôt. Je prodigue des encouragements sans vraiment savoir s’ils sont pour mes compagnons ou pour moi. Enfin, le dernier virage à gauche où se trouve la balise de chronométrage, je lève le pied et continue jusqu’en haut. David est arrivé depuis quelques instants et nous attend, Stéphane nous rejoint peu après. Nous sacrifions à la photo au sommet avant de redescendre tranquillement sur Bastia. Nous prenons notre temps sur la zone d’arrivée avant de rejoindre le Daniele Casanova. L’après-midi sera tranquille, une fois encore, avec le chrono du Giro pour nous occuper jusqu’à la soirée de gala.
Retour sur Lyon le lendemain avec Alexis, autre Lyonnais engagé sur l’épreuve et rencontré à l’aller. Le trajet sera occupé en bonne partie par des discussions, notamment avec deux anglais revenant d’une randonnée permanente, et grands randonneurs (ils ont déjà fait Paris-Brest-Paris). J’aurais également la bonne surprise de retrouver par le plus grand des hasards un couple de tandemiste de mon premier club cyclo.