Sainté-Lyon 2017

Nouvelle Sainté-Lyon en solo cette année. Après une saison vélo qui n’a pas été à la hauteur de mes espérances, j’espère me faire plaisir sur cette Sainté-Lyon. La forme est plutôt bonne et j’espère pouvoir atteindre la barre des 10h qui est mon objectif depuis que je la fais en solo. Vu les conditions, neige sur une partie du parcours, je sens qu’il faudra oublier cet objectif. Dans la journée du samedi, via les réseaux sociaux et un copain engagé sur la 180 (Lyon-Sainté-Lyon), je recueille quelques infos sur le parcours : neige de Saint-Christo-en-Jarez à Saint-Genou et surtout verglas entre Saint-Christo-en-Jarez et Sainte-Catherine.

Mon frangin et les copains arrivent, un plat de pâtes bolognaises plus tard et nous partons pour la Halle Tony Garnier. Nous achetons nos billets pour la navette et en route pour Sainté. Arrivé là-bas, il y a un peu de neige sur les bas-côtés, mais rien sur la route. Nous nous posons dans le hall du Parc des Expositions afin de nous reposer avant le départ. Je procède aux derniers choix de matériel, à l’annonce de la température à Sainte-Catherine (-8°C, cette annonce a été suivie d’applaudissements des participants, ils sont fous ces trailleurs !), j’opte définitivement pour la veste d’hiver au lieu du Gore-Tex, il sera dans mon sac à dos au cas où. On grignote, on s’hydrate, on somnole jusque vers 23h où nous nous dirigeons vers la ligne de départ. On croise aussi Cora et les bourguignons de la Red Wine Team, engagés en relais à 4.

A peine sortis, le froid nous saisis. Heureusement, la foule sur la ligne de départ nous réchauffe un peu. Nous espérions partir dans la première vague, mais nous serons finalement dans la deuxième. Le speaker fait monter l’ambiance et un hommage est rendu à Alain Souzy qui traçait les parcours de la Sainté-Lyon depuis plus de 20ans.

Nous sommes un groupe de 6 mais nous avons décidé de courir chacun à notre rythme. Je suis un petit joueur dans ce groupe, il y a des finishers de fameux trails : Templiers, CCC, TDS, UTMB. Un petit coup de « Light my way » de U2, le décompte et c’est parti, il est 23h40. Dès le départ je perds de vue Jack et Olivier qui ont filé devant, imité peu après par mon frangin Yoann. Je vais rester au même rythme que Vincent sur les premiers km, Théodora doit être un peu derrière nous.

Le froid a durci les muscles et dès le départ, j’ai l’impression d’avoir déjà couru plusieurs kilomètres, mais c’est pareil pour tout le monde. Les premiers kilomètres défilent sur le bitume et je me surprends à doubler régulièrement du monde, je fais pourtant bien attention à ne pas partir trop vite. Il y a toujours du monde pour nous encourager sur les premiers kilomètres dans l’agglomération stéphanoise. Nous arrivons à Sorbiers et devant nous se dresse la silhouette noire et blanche des Monts du Lyonnais qu’il va falloir traverser. Dès les premiers mètres sur les chemins la neige fais son apparition, mais elle n’est pas très gênante pour le moment.

Je me satisfais très rapidement d’avoir investi dans des vraies chaussures de trail, alors que ces dernières années je partais avec des chaussures de course sur route. Niveau adhérence, ça n’a rien à voir sur ce sol glissant. Plus les kilomètres passent et plus j’apprécie le très bon grip de mes chaussures. Là où je vois certains glisser, je passe sans même glisser, moi qui ne suis pas un grand descendeur, voilà de quoi me mettre en confiance pour la suite du parcours.

Effet de la neige ou concentration sur l’endroit où je pose mes pieds, je ne reconnais rien du tronçon entre Sorbiers et Saint-Christo-en-Jarez, pourtant identique à celui de l’an passé. Il y a un peu de monde au bord de la route pour nous encourager. J’arrive sous la tente de ravitaillement, je prends quelques gâteaux et un verre de thé chaud. Je sors les Yaktrax de mon sac pour les mettre dans les poches de ma veste d’hiver. Le tronçon suivant s’annonce verglacé et enneigé, je serai content de les avoir à portée de main si besoin. Au moment de repartir je vois Vincent qui a dû arriver peu après moi. On se souhaite bonne course une nouvelle fois et je repars.

Je sais qu’à partir de là, il y en a pour environ 25km de neige, jusqu’à Saint-Genou après le Signal Saint-André. Quelques zones verglacées incitent à la prudence, sur la neige je suis en confiance avec mes chaussures. Le tronçon vers Sainte-Catherine est normalement assez roulant, il est rendu plus délicat par la neige et quelques zones verglacées. Il y a des congères par endroit, mais surtout il y a le vent du Nord qui vient nous saisir sur ces sentiers en balcon. Quelques courageux sont là à nous encourager sur ces chemins enneigés. Je continue à mon rythme courir sur le plat et dans les descentes et marcher quand ça monte. Dans certaines descentes, je privilégie le bord du chemin où la neige n’est pas/moins tassée pour avoir plus d’adhérence, mais ce n’est pas toujours possible, il reste alors les branches d’arbres auxquelles s’accrocher…

J’ai un petit souci avec mon Camelbak, je n’arrive plus à boire. Pourtant, comme le tuyau n’est pas isolé thermiquement, j’ai bien pris garde à souffler dedans après avoir bu, ceci afin de purger le liquide et éviter qu’il ne gèle. Je palpe le tuyau sur toute sa longueur, il est souple, c’est donc dans le sac lui-même que ça a gelé.

Si je n’ai rien reconnu du premier tronçon, je reconnais certains passages de celui-ci, je sais que Sainte-Catherine est proche. La descente est souvent délicate, paradoxalement, elle l’est presque moins cette année, la neige contribuant à stabiliser les pierres. J’arrive sur la zone de ravitaillement, j’entends l’annonce de l’heure. Je suis quasiment dans les mêmes temps que les années précédentes, et ce malgré des conditions plus difficiles. Il y a un petit souci sur le ravitaillement, il n’y a plus de boisson chaude, et avec une température à -8°C, on ne se précipite pas trop sur les boissons fraiches.

Mon Camelbak étant hors d’usage pour le moment, il faut que je boive pour éviter les crampes ou les tendinites, d’autant qu’assez rapidement après le départ, une douleur est apparue sous la rotule droite. J’avais eu un petit point de tendinite début novembre après deux grosses séances d’entrainement, je crains que ça ne revienne. La douleur ne s’est pas accentuée depuis son apparition et passe d’un côté à l’autre de la rotule…

J’ai jeté un coup d’œil derrière les tables voire si j’apercevais Jean-Claude, je sais qu’il est généralement bénévole ici, je le verrais un peu plus loin affecté à la circulation. J’ai juste le temps de le saluer en passant, mais lui ne m’a pas reconnu, il faut dire qu’avec mon bonnet et mon buff, je ne dois pas être facilement reconnaissable. La sortie de Sainte-Catherine est classique, contrairement à il y a 2 ans où nous partions droit dans la pente. Une belle montée nous attend dès que l’on traverse la route, toujours sur des chemins enneigés.

L’arrivée sur le signal Saint-André a été modifiée par rapport à il y a deux ans. Nous montions quasiment d’une traite, cette fois-ci nous avons une descente avant le final de la montée. La neige tassée a gelé et je vais voir quelques belles figures acrobatiques, dont un magnifique 360. De mon côté, je vais finir deux fois sur les fesses sans mal. Je cherche un endroit pour chausser les Yaktrax mais ne trouve rien, le chemin est étroit et n’offre pas vraiment de dégagement où s’arrêter sans perturber le flot des coureurs.

La descente se termine et le sommet du Signal Saint-André se rapproche. La neige se fait plus épaisse, nous avons passé la mi-course, et de nombreuses personnes sont là pour nous encourager à son passage, sous l’arche du trail des coursières. Le final est raide et la neige se dérobe une paire de fois sous mes pas, je ressens une douleur dans le mollet gauche, mais rien de bien gênant. Mon rythme me semble toujours bon.

Je reconnais l’approche du sommet. Comme il y a deux ans, du monde est au sommet pour nous encourager. Je bascule dans la descente avant de rebrousser chemin. Je vais profiter d’un feu pour me poser à côté et enfiler mes Yaktrax. Je discute un peu et repart dans la descente. Une vraie patinoire pour ceux qui ne sont pas équipés comme moi. Toutes les personnes que je verrais au sol n’ont pas de Yaktrax, et je ne verrais aucun porteur de ceux-ci finir au tapis.

Vers le bas de la descente, la neige disparait progressivement. Je m’arrête pour retirer mes Yaktrax, là où quelqu’un s’occupe à les chausser, un peu tard à mon avis. Il y a bien toujours un peu de neige et de verglas, mais le pire est maintenant derrière nous, on retrouve des conditions normales : de la boue. Avec le léger réchauffement, j’espère pouvoir reboire dans mon CamelBak prochainement. La descente sur Saint-Genou comporte quelques passages plus délicats, mais là encore, avec des chaussures de trail, je suis plus à l’aise que les autres années.

Passage au ravitaillement où j’en profite pour bien m’hydrater et grignoter un peu : du thé chaud, un sandwich Tuc /Comté, des gâteaux et je reprends ma route. Il me semble avoir lu dans le livre de route qu’il y avait un tronçon plus roulant dans ce secteur. Nous continuons à descendre, les jambes commencent à se faire sentir, mais ce n’est pas anormal après ce que l’on a fait. En levant les yeux, j’aperçois un village et son église, c’est superbe. Ça ne peut pas être Soucieu-en-Jarrest, c’est beaucoup trop tôt, mais la vue sur l’église éclairée est très jolie. En fait, c’est Rontalon que nous traversons.

Les kilomètres défilent, il fait moins froid mais les muscles commencent à se faire sentir. Je suis quand même mieux que ces deux dernières années, malgré les efforts supplémentaires dus à la neige. Je reconnais les environs de Soucieu-en-Jarrest, mais que ça me semble long pour y arriver. Je fais une petite pause pour couper ma montre GPS et continuer l’enregistrement du tracé avec mon téléphone. Pourtant, nous venons de franchir la pancarte des 25km, on ne devrait plus tarder à y arriver. Dans mon esprit, il reste entre 22km et 24km quand on traverse Soucieu. J’ai l’impression de ne plus avancer sur ce tronçon, je me rassure en me disant que les autres années je passais ici alors que le jour commençait déjà à poindre, cette année je suis en avance.

J’arrive enfin à Soucieu, une pancarte m’annonce les 20 derniers km, voilà pourquoi ça m’a paru si long pour y arriver. Moralement, cela me regonfle un peu. Vu l’heure, si je n’explose pas, les 10h30 sont jouables, ce qui est presque inespéré vu l’état du terrain et la météo. A l’aiguillage des coureurs relais / solo, il y a Jean-Pierre qui reconnait ma tenue de l’ATSCAF, je le salue en passant.

Pour la première fois depuis le départ, je prends mon temps sur le ravitaillement. Il faut que je boive et que je mange, et en restant un peu au chaud, j’espère faire dégeler ma poche à eau pour le final. Yann, du SAL, est au service, j’en profite pour aller le saluer et discuter un peu. Ça permet de rester au chaud plus longtemps. Je repars, le final va être dur, je le sens, mais je m’accroche, il faut que je tienne 10km jusque Chaponost.

Il me semble reconnaitre la même descente qu’il y a deux ans pour rejoindre les rives du Garon. Encore une fois, malgré un terrain un peu gras et des feuilles mortes, aucun souci d’adhérence. Je sens mes muscles dans les descentes, mais ça tient. On longe le Garon pour rejoindre la passerelle puis repartir dans l’autre sens. Je me demande si je verrais les copains du SAL, tous les ans, ils viennent au-devant des participants de la Sainté-Lyon dans ce secteur-là.

Passé le Garon, je dois faire des pauses pour marcher sur le plat. Je me fais dépasser, par pas mal de monde. Je réfléchis un peu et me fixe un objectif. Ne pas me faire dépasser par plus de 10 personnes, dès que ce chiffre est atteint, je dois courir pour en dépasser au moins 10. Rapidement, je porte le nombre de personnes à dépasser à 20, et j’arrive à m’y tenir. La remontée sur Chaponost m’a bien aidé.

Dernier ravito avant l’arrivée. Je m’appuie sur mes genoux, le buste en avant et essuie un sanglot. J’en ai quand même bien bavé, j’ai mal aux jambes, mais je suis content de moi. Une main se pose sur mon épaule et me dit, ça va aller, je me redresse et remercie la concurrente pour son attention. Je lui explique que c’est assez habituel chez moi et que cela permet de relâcher la pression. 10km, il ne peut plus rien arriver maintenant, à part une explosion de mes quadriceps.

Je traverse le parc de Chaponost toujours avec la même optique, ne pas se laisser dépasser par plus de 10 personnes et en dépasser au moins 20. Je vais pouvoir tenir comme ça un quart du parcours restant, jusqu’à ce que mes cuisses me fassent trop mal. Pas grave, j’ai été plus loin que l’an passé en courant et dans des conditions plus dures. La descente sur les aqueducs de Beaunant est douloureuse, j’en suis à attendre avec impatience la montée.

Toute la nuit, je me suis encouragé en fredonnant ou récitant des chansons, des trucs très rythmés d’un groupe, Justine, vu en concert il y a quelques semaines. J’avance au rythme de leurs paroles qui me semblent avoir un écho inattendu dans ce contexte : « Aussi confiant que Tony Vairelles en puissance dans un intervalle / Aussi puissant que Tony Vairelles en confiance dans un intervalle ».

Enfin, elle est là, la montée des Aqueducs de Beaunant, j’arrive à garder un bon pas mais pas moyen de me remettre à courir une fois au sommet. Je rejoins un groupe de marcheurs, eux sont partis de Sainte-Catherine à 23h30. Les indications défilent : 3km et la descente dans le parc d’accrobranche de Sainte-Foy, puis les 2km. Plus que l’escalier et on sera sur les berges. J’aperçois la pancarte des 1km, il va être long ce kilomètre (après vérification, il y a près de 1800m dans le dernier km), les autres années elle était à l’entrée de Lyon, vers le Musée des Confluences.

Juste avant le fameux escalier du final, je croise Véro, une copine cyclo que j’avais accompagnée sur les Copains cette année. 250 marches plus tard voilà les quais de Saône puis le pont de la Mulatière. On contourne le Musée des Confluences, il y a du monde pour nous encourager, ça fait chaud au cœur. Sur le pont Raymond Barre, 2 cyclistes m’attendent. Manu et P’tite Tortue sont là pour m’encourager. Je m’arrête pour les saluer, je me dis que Manu doit me maudire, à chaque fois que je le vois sur le vélo, il fait froid. Un peu plus loin il y a Alain et Pierre dans la foule, je m’arrête pour les saluer.

C’est le final, l’arrivée est un peu différente de l’an passé pour entrer dans la Halle Tony Garnier. Je passe sous l’arche puis mets la tête dans les mains pour un sanglot de joie. Celle-là, elle était dure, mais finalement c’est que du bonheur. J’y ai vraiment pris du plaisir, même dans les moments difficiles.

Mon frangin m’envoie un texto, il est avec Olivier et Jack au repas. Je lui réponds que j’arrive mais doucement. Je les retrouve à table avec mon plateau repas, on se raconte nos courses respectives. Pierre et Alain repassent nous voir. Pour l’instant nous sommes 4 sur 6 à avoir fini, on attend Vincent et Théodora. Finalement nous serons bien tous les 6 finishers.

Après manger, nous allons passer la fin de matinée et le début d’après-midi à attendre, allongé contre les barrières dans la Halle. Idéal pour une petite sieste régénératrice et parfaitement placé pour ne pas rater les copains quand ils passent récupérer leurs sacs. Je pourrais ainsi saluer Georges et ses fils qui l’ont faites en équipe, ou encore Poucet qui était engagé sur la 180 (Lyon-Sainté-Lyon).

En discutant avec les copains, je me dis que j’ai vraiment été très inspiré en choisissant mon matériel car je n’ai pas souffert du froid. Malgré la difficulté de cette édition, c’était super. Les guirlandes de frontales sur les Monts du Lyonnais enneigés, ça produit toujours son effet. Rendez-vous est déjà pris pour l’an prochain. Je n’ai pas le choix, je l’ai dit au micro à l’arrivée 🙂