Le col d’Allos
Au programme du jour, le col d’Allos et ses 2250m. Un col que je connais bien par son autre versant pour l’avoir gravi un grand nombre de fois, dont deux fois – 1998 et 2002 – lors de l’enchainement Allos – Cayolle – Champs. Par contre, ce versant est un inconnu pour moi.
Nous démarrons prudemment de Barcelonnette par une route plate jusqu’au-delà de la bifurcation de la Cayolle. Les premières pentes donnent le ton de la montée qui s’effectue sur une pente quasiment constante autour de 7%, exception faite des 3km de replat au niveau des Agnelliers.
C’est le col le plus aéren que nous ayons gravi jusqu’à présent. Sur les premiers kilomètres, la route est parallèle à celle de la Cayolle, mais si cette dernière est en fond de vallée, la notre est agrippée à la paroi rocheuse. Rapidement nous dépassons l’intersection de Pra-Loup et continuons droit devant nous. Nous essayons de deviner la route de la Cayolle en contrebas mais ne parvenons à distinguer que le clocher de l’église d’Uvernet.
Dès le pied de l’ascension nous avons repris notre collègue qui a le même programme que nous. Nous apercevons également un peu plus loin devant un cyclo en maillot jaune dont la seule obsession semble être de ne pas se faire rejoindre, vu la fréquence à laquelle il se retourne pour regarder derrière lui.
La route continue à grimper, accrochée à la montagne, alors que la végétation passe progressivement des feuillus aux sapins. Après une grande courbe à droite, alors que nous tournons le dos aux gorges du Bachelard, nous rencontrons le replat situé aux environs de la mi-pente. Pendant 3km, la pente oscille entre 3 et 4% jusqu’aux Agnelliers. Le hameau est visible de loin par le clocher de son église qui surplombe la route. Juste avant d’y arriver, nous avons une vue impressionnante sur l’imposante masse rocheuse de la Grande Séolane.
Dans la traversée des Agnelliers nous dépassons une cyclote qui depuis son vélo scrute les talus du regard dans l’espoir de trouver des fraises des bois. Nous nous apercevons que le cyclo au maillot jaune qui était 100m devant nous a profité du replat pour accélérer et reprendre du champ.
Après les Agnelliers, nous retrouvons une pente comparable à celle pouvant exister avant le replat. Nous apercevons la route du col de la Cayolle ainsi que le Pain de Sucre et le Chapeau de Gendarme qui la surplombent. Le paysage devient moins aérien au fur et à mesure que nous grimpons en altitude, et la route débouche au milieu des alpages.
Nous rattrapons et saluons le maillot jaune aperçu plus bas. A la manière dont je l’entends respirer dans nos roues j’imagine qu’il a effectivement forcé pour ne pas se faire rejoindre. Ses efforts précédents lui seront d’ailleurs fatals un peu plus loin puisqu’il perdra rapidement contact avec nous alors que notre allure était restée constante et raisonnable.
Les bornes nous indiquent que le sommet est maintenant proche. Le refuge – qui pour une fois ne s’appelle pas refuge Napoléon – est situé à 500m du haut. Une grande courbe à droite, un virage à gauche et le vue sur les Trois Evéchés s’offre à nous. Devant la Grande Séolane, la tête de la Sestrière en face de laquelle le Verdon prend sa source.
Nous retrouvons notre chercheuse de fraise des bois qui arrive bredouille au sommet, elle se réjouit cependant d’avoir retrouvé son mari redescendu au-devant d’elle. Le cyclo avec qui nous avions discuté hier arrive à son tour. Nous échangeons quelques impressions sur la montée de la veille. Lui aussi a trouvé les affichages « Plus haute route d’Europe » assez insolites. Il nous apprend également qu’en prévision des 3 cols – il l’a fait la veille en voiture – la route du col des Champs à été refaite de Val Pelens à Saint Martin d’Entraunes. Dans ma mémoire la routé était déjà relativement bonne, mais en 4 ans les routes de montagne peuvent se dégrader considérablement.
Nos routes se séparent puisque lui gravira le Mont Ventoux demain pendant que nous serons sur les pentes du Parpaillon. Nous amorçons une descente prudente car la route est étroite et saute beaucoup. De plus, les nombreux virages ne permettent pas d’avoir une bonne visibilité. Nous profiterons de la descente pour observer un spectacle insolite : un cyclo arrêté à mi-pente, profitant de cette pause pour fumer une cigarette.