Le col du Granon
« C’est le plus dur du coin », voilà ce que nous avait dit le propriétaire du gite de Terre Rouge à propos de ce col quand nous lui avions fait part de nos projets cyclotouristes. A partir de cette information et après consultation du profil, nous décidons de partir directement de Terre Rouge pour bénéficier de quelques kilomètres d’échauffement. La traversée de Briançon pour rejoindre Saint-Chaffrey n’est pas des plus agréable. Je suis même à deux doigts de toucher la remorque d’un camion alors que j’écarte le bras pour signifier mon mécontentement alors qu’il venait de nous frôler.
La sortie de Briançon présente quelques pentes assez fortes et par précaution, nous passons le triple plateau. Enfin Rodolphe essaye et n’y arrive pas. Nous nous arrêtons donc quelques instants pour une séance de réglage de dérailleur. Et nous voilà reparti jusqu’à Saint-Chaffrey. Après la sortie du village, nous guettons l’intersection indiquant le col du Granon. Nous y voilà, plus que 11,5km d’ascension avec 1040m de dénivelée.
Dès les premières pentes, nous mesurons ce qui nous attend. Une pente raide, en plein soleil, mais sur une route en parfait état. Ceci nous surprend un peu car cette route est un cul de sac.
Je me remémore ce que m’a déjà dit Gérard à propos de ce col « Il n’y a pas de répits ». Je me surprends néanmoins à en trouver quelques uns. A posteriori, je dois être le seul à les avoir trouvés, car tous les cyclos avec qui nous en avons discuté ont abondé dans le sens de Gérard. L’ascension se continue sur une route toujours en parfait état et au milieu d’une forte circulation, qui nous surprend un peu.
Le soleil nous accompagne toujours et nous pensons atteindre une portion ombragée, car la route semble se diriger vers une forêt de sapin. Raté, au dernier moment une épingle nous en détourne et nous renvoie au milieu des prairies que nous pensions quitter.
Pour oublier un peu la pente, nous admirons le paysage et la vue sur le massif des Ecrins constitue un antalgique de choix. Nous voilà maintenant à mi-pente, nous passons a proximité de parapentistes en train de s’exercer. En levant les yeux, j’aperçois un cyclo qui a l’air d’être littéralement scotché à la route. Au gré de l’orientation de la route, la vue alterne entre les Ecrins et le briançonais.
A 4,5km du haut, l’altitude est de 2000m tout rond. Ce qui veut dire que les kilomètres restants ne seront pas plus faciles que les précédents. Au détour d’une épingle nous saluons le cyclo aperçu précédemment qui nous glisse un petit mot d’encouragement. Nous comprenons à ce moment là pourquoi la circulation est si importante, il y a un refuge à 3,5km du sommet. Le passage à la borne kilométrique nous annonce 95m de dénivelée pour le kilomètre écoulé, soit une pente moyenne à 9,5%. Les suivants seront plus aisés, « seulement » 9%.
Nous rejoignons notre cyclo à 3km du haut alors qu’il marque une pause. A notre tour de l’encourager. Nous gravissons ensuite les dernières difficultés en traversant les casernes militaires. Les ouvriers du chantier nous saluent alors que nous franchissons la « flamme rouge ». La pente se radoucit sur les derniers hectomètres, ce qui soulage un peu nos reins. La pente est telle que nous avons fréquemment grimpé en danseuse, la position assise étant difficile à tenir.
Au sommet, 11,75km et 1h25 d’efforts nous auront été nécessaire pour y arriver. Le parking situé au sommet semble plein, ce qui n’est guère surprenant vu le nombre de voiture qui nous ont doublés. Nous discutons avec deux autres cyclos arrivés là avant nous, puis avec le cyclo que nous avions rejoint. Nous redescendons ensuite sur Briançon nous restaurer. Il nous faut ensuite faire quelques kilomètres sur la route de l’Izoard pour rejoindre Terre Rouge, mais après ce que nous venons de faire, les pentes nous paraitront faciles.