Les cols de Télégraphe et du Galibier
Aujourd’hui nous quittons notre hébergement des Karélis pour basculer dans les Alpes du Sud et nous diriger vers Briançon. Pour cela, il nous faut franchir le difficile enchainement des cols du Télégraphe et du Galibier. Dès le départ à Saint-Michel de Maurienne, nous commençons par marquer une pause dans un bar pour soulager un besoin naturel. Nous voilà ensuite parti à l’assaut de ces deux cols célébrissimes… Nous nous lançons directement dans l’ascension sans échauffement car nous manquons de motivation pour affronter la circulation de la N6 lors de l’échauffement
Dès le pied du Télégraphe, les pentes sont importantes, d’autant plus importantes que nos muscles sont encore froids. Nous montons donc tranquillement afin de garder des forces pour toute la durée de la montée. Il y a environ 31km de montée sur les 36 qui nous séparent du haut du Galibier, et la dénivelée dépasse les 2000m. Ces chiffres incitent à l’humilité. La première partie de la montée est assez ensoleillée, même si nous sommes constamment en forêt, la chaleur est déjà présente alors qu’il n’est pas 10h. La seconde moitié offre plus d’ombre et la chaleur se fait moins sentir.
Nous arrivons au sommet du Télégraphe sans problèmes et Rodolphe est fier d’annoncer que nous avons gravi les 12 km en moins de 1h20. C’est incontestable, mon chronomètre indique 1h19… Ce temps peut certes paraitre modeste, mais le Télégraphe, bien que n’affichant pas une haute altitude n’en reste pas moins une montée difficile. De plus, il s’agit de notre 4ème jour de vélo consécutif, et il nous en reste encore 8 à tenir ensuite, avec une seule journée de repos.
Après un léger ravitaillement, nous descendons sur Valloire. Les choses sérieuses reprennent quasiment dès la sortie de la station. La ligne droite conduisant aux Verneys est raide et démoralisante, comme de nombreuses montées en ligne droites. La pente se radoucit ensuite alors que nous longeons la vallée. Nous continuons à croiser de nombreux cyclos et nous constatons que peu répondent à nos salutations. Pourtant, cela ne coûte pas de grand-chose de faire un petit geste de la main ou de la tête.
Cela ne nous empêche pas de continuer à rouler et à profiter des pentes relativement faibles avant d’atteindre Plan Lacha. J’en profite pour glisser quelques encouragements à Rodolphe qui garde un souvenir amer de sa précédente tentative. Un sac plastique avait mis en miettes son dérailleur et ses espoirs à 1,5km du sommet. Cette année, il espère bien ne pas être victime de la malchance.
Les rampes après Plan Lacha sont effectivement très sévères et nous profitons des épingles que nous prenons larges pour nous hydrater et récupérer un minimum. Pour passer le temps et éviter de trop regarder la route qui nous nargue devant, nous passons le temps en lisant les inscriptions laissées à l’attention des coureurs du Tour 2005.
La montée continue et un panneau nous indique 1 km avant une ferme vendant du Beaufort « Le fromage des sportifs » comme le proclame la banderole sur cette ferme. Par contre, l’indication 1 km semble incorrecte, il y a plus que ça pour rejoindre la ferme.
Alors que nous sommes toujours dans les alpages, nous sommes dépassés par une fusée. Son mari qui la suit, ou plus exactement essaye de la suivre, nous confiera que son épouse a fini première de sa catégorie lors de la Marmotte. Tout s’explique. La fatigue commençant à se faire sentir, Rodolphe a besoin de quelques encouragements.
Nous reconnaissons l’endroit où le sac plastique s’est coincé dans la chaine de Rodolphe l’an passé. Cette année il n’y en a pas, donc plus rien ne peut nous empêcher d’atteindre le sommet.
Arrivé au niveau du tunnel, nous bifurquons à gauche. Au même moment, un cycliste que nous avions repéré depuis un moment derrière nous nous rejoint. Nous gravirons les dernières rampes avec lui, parfois un peu devant, parfois un peu derrière lui. Une dernière épingle à droite, un dernier virage et nous voyons le sommet.
Arrivés en haut, nous savourons le paysage et la vue sur la Meije et la Barre des Ecrins. Nous échangeons nos impressions avec le cycliste qui nous a accompagnés sur le dernier kilomètre. Nous reconnaissons également nos espagnols du premier jour, ils sont en pleine séance photo devant la pancarte indiquant le col.
Nous voilà parti pour la descente. Nous croisons une partie de l’équipe Rabobank espoir qui répond à nos salutations, preuve que l’on peut rouler vite et rester poli. Comme l’année dernière, je fais revisser ma pédale à Valloire. Nous franchissons ensuite le col du Télégraphe qui est beaucoup plus aisé dans ce sens. Une fois au sommet, il nous faudra un peu moins de 20 minutes pour rejoindre la voiture et le pique-nique. Il est environ 15h et la faim commence à se faire sentir.