Haute Route Alpes 2014
Pas mal de stress à l’approche du départ de cette Haute Route Alpes 2014. Il faut dire que mes 2 autres objectifs de l’année se sont soldés par des abandons sur problème mécanique (dérailleur au Défi Bugiste, puis poignée de dérailleur – pourtant neuve – sur le TriRhéna). Physiquement, je pense être prêt, même si le rythme doit me manquer puisque je n’ai pas roulé depuis mon abandon au km 470 du TriRhéna, début Août. Je retrouve David et Stéphane le vendredi soir sur Genève où nous mangeons ensemble avant de retourner dans nos hôtels respectifs.
Prologue (Genève)
Récupération des paquetages, tenues, dossards et prologue à Genève… En y descendant, David a pris un rail de tramway et a gouté le bitume suisse. Heureusement, sans gravité. Juste un peu de vernis qui a sauté sur le coude et la hanche, mais une belle frayeur. On s’échauffe sur le parcours et nous voilà rapidement dans le sas de départ. Départ sur une rampe comme les pros, quand on n’a pas l’habitude c’est impressionnant la première fois. C’est parti à bloc, j’ai Stéphane juste derrière moi, il me reprendra les 20 secondes qui nous séparent à la mi-parcours. Exercice curieux que de se livrer à fond sur 9km. Maintenant, on est dans l’évènement, le stress est passé.
Genève – Megève
On rentre dans le vif du sujet (Genève – col de la Colombière – Col de la Croix-Fry – Col des Aravis – Megève). Départ sur les chapeaux de roues, on s’accroche pour rester dans les roues alors que ça roule à 40km/h. Plusieurs cassures, mais au final j’arrive au pied de la Colombière avec le groupe. Je fais une belle montée, mais le manque de rythme s’est fait sentir et j’ai du taper dedans. Du coup, une crampe me rattrape en descendant du vélo en haut. La Croix-Fry derrière se fera à petite allure, les Aravis derrière ça passe tout seul ou presque. Le faux-plat entre Flumet et Megève est presque plus compliqué à passer. Enfin Megève : douche, collation, massage, sieste, repas, dodo. Un rituel qui va se répéter à l’arrivée de chaque étape.
Megève – Courchevel
Encore une belle journée qui nous attend (Megève – Col des Saisies – Col du Méraillet – Cormet de Roselend – Courchevel). On attaque assez vite le premier col, donc la sélection se fait immédiatement. J’ai une douleur au genou à avoir trop forcé hier au départ, mais les massages ont fait des miracles puisque je n’ai pas la moindre courbature. Cette fois-ci, j’y vais plus prudemment qu’hier, les cols se passent bien. Je prends un groupe dans la vallée entre Bourg-Saint-Maurice et le pied de Courchevel, nous sommes 8 francophones (7 français, 1 québécois) ce qui est exceptionnel vu la diversité des nationalités (plus de 40). Les relais passent bien jusqu’au pied de la montée finale où chacun prend son rythme. Montée difficile, mais on arrive largement dans les temps. Maintenant, il faut privilégier la récupération en vue de la grosse étape du lendemain.
Courchevel – L’Alpe d’Huez
Le gros morceau (Courchevel – Col de la Madeleine – Col du Glandon – L’Alpe d’Huez) et comme c’était trop facile, la pluie est de la partie. Je pars avec des patins de frein neuf à l’arrière, Mavic présent sur place me les change et me les règle juste avant le départ. La pluie ne nous lâche pas, mais la montée de la Madeleine, très longue et assez pentue, nous évite d’avoir froid. Par contre, le vent dans le final ne nous aide vraiment pas. Heureusement, nous sommes dans un groupe. En haut, je récupère un poncho et, avec Stéphane, nous basculons dans la descente. Pas chaud, mais ça reste supportable.
Montée du Glandon toujours aussi dure et final avec le vent défavorable. Plus de groupe, mais on se relaie efficacement. Pause éclair au sommet avant de basculer dans la descente où nous ferons une pause à l’abri près de la fontaine du Rivier d’Allemond. Je passe devant dans la descente car Stéphane a moyennement confiance en ses freins, il sait que je serai prudent. Je coince un peu dans le final vers Villard-Reculas, Stéphane est parti devant. Le kilomètre à discuter avec le motard entre Huez et la station me redonne un peu de jambes pour finir. C’est la seule étape où le massage n’a pas été le meilleur moment de la journée, aujourd’hui c’est la douche chaude qui remporte tous les suffrages…
Bourg d’Oisans – L’Alpe d’Huez
Un petit contre la montre (Bourg d’Oisans – L’Alpe d’Huez). C’est presque une étape de repos, seulement 1h15 d’effort contre 8h la veille. Le soleil est revenu. Toujours le départ sur la rampe comme les pros, c’est moins impressionnant la deuxième fois. Le pied de la montée est toujours aussi raide. Il y a 2 ravitaillements sur le parcours, il suffit de réclamer quelques mètres avant ce que l’on veut (eau, cola, gel énergétique, steak-frites…) et on nous le tend au passage. Je finis l’étape au sprint, le français avec qui nous nous relayions depuis l’entrée de la station m’ayant encouragé à accélérer pour reprendre le coureur qui était juste devant nous à l’approche de la ligne. Comme l’étape a fini tôt, j’ai même le temps de passer tester l’électrostimulation avant le massage.
Bourg d’Oisans – Digne-les-Bains
L’étape marathon (Bourg d’Oisans – Col d’Ornon – Col de Parquetout – Col de Festre – Col d’Espréaux – Digne-les-Bains). Là encore, dès le départ, le col d’Ornon fait que l’on se retrouve avec les gens de son niveau. J’ai des jambes de folie aujourd’hui. Dans la descente d’Ornon, je rebouche des trous après avoir perdu la roue de Stéphane. Je dois même me modérer car mes 2 dents de plus sur le gros plateau (j’ai un triple plateau avec 52 dents, les autres sont en compact avec 50) font que les autres membres du groupe ont parfois du mal à me suivre.
On attaque Parquetout en sachant que c’est une vacherie, ça se confirme. Une entrée en matière assez douce, mais on attaque vite les choses sérieuses avec des pentes à plus de 10%, il y a un replat appréciable au milieu, mais les pentes sont quand même à 8%. Je fais une petite pause au sommet pour remettre un coupe-vent et je repars. Je retrouve Stéphane dans la montée du Col de Festre. Pourtant, c’est une montée roulante qui aurait du mieux lui convenir qu’à moi. Il est passé devant moi quand j’enfilai mon coupe-vent au sommet de Parquetout. On forme un petit groupe pour repartir avec des cyclos que l’on va revoir jusqu’à la fin de la semaine (Gordon, Simon, Jean-Jacques). On se relaie bien dans le joli col d’Espréaux.
Une bonne pause au sommet nous permet de reprendre des forces avant les 65 derniers km qui s’annoncent très roulant. Ça ne manque pas, nous sommes dans un groupe de furieux, le compteur en permanence à 40km/h. Je suis à plusieurs reprises à 2 doigts de lâcher, mais Stéphane m’encourage à tenir. Il a raison, l’allure se calme un peu, et nous finirons avec le groupe à Digne-les-Bains.
Digne-les Bains – Mont Ventoux
Un Ventoux pour le dessert (Digne-les-Bains – Col Notre-Dame des Abeilles – Mont Ventoux). Un départ à nouveau bien casse-patte, on s’accroche dans les groupes, mais ils sont parfois trop rapides. On retrouve un groupe à notre niveau, emmené par un des coachs (certains coureurs sont encadrés par des coachs). Son boulot c’est de rouler pour emmener ses clients au bout, du coup, ils emmènent souvent les groupes sans se poser de questions, tant que leurs clients suivent.
Les jambes sont à nouveau très bonnes aujourd’hui et nous avons retrouvés Gordon et Simon. Le pied du Ventoux est là et Simon s’envole, il est moins pété que nous, pour reprendre son expression. Avant Sainte-Estève, j’ai dû laisser filer Stéphane, mais je sais que je le reprendrai plus tard. Je l’ai en point de mire pendant que je monte avec Hainz (encore un avec qui nous avons roulé hier). Je le reprends peu avant le Chalet Reynard, mais comme je m’arrête boire un verre au ravitaillement, nous repartons ensemble.
Hainz file devant, il a de bonnes jambes, les miennes ne sont pas mal non plus, mais je vais coincer un peu dans le final et Stéphane va se rapprocher de moi. Il n’est pas très loin derrière moi à 1km de l’arrivée. Je lève un peu le pied pour que nous passions la ligne ensemble. Pas de douche à l’arrivée, mais la fontaine devant la salle de massage se transforme en baignoire pour les participants.
Digne-les-Bains – Nice
Du casse-patte pour finir (Digne-les-Bains – Col du Corobin – Col des Lèques – Col de Saint-Barnabé – Col de Bleine – Col de Vence – Nice). On va attaquer directement par le gros morceau du jour. Le repas de la veille au soir a été moins copieux que les jours précédents, et ça se sent. Il me manque de l’énergie. Le premier col, pourtant le plus difficile du jour, a été avalé rapidement. Le second est beaucoup plus roulant, je perds la roue de Stéphane dans la descente. Persuadé que je le suis, il continue. Du coup, je me retrouve tout seul et j’avais oublié la remontée du col de la Blache après Castellane. En plus, je n’ai pas l’autocollant avec le détail de l’étape sur mon vélo, compliqué de gérer sa course sans repères.
C’est interminable et je n’arrive pas à prendre de groupes, à mon niveau tout le monde est assez dispersé. Ça va un peu mieux dans le pied du Col de Saint-Barnabé où j’accroche un groupe, mais dès que ça devient roulant, je perds les roues. Je retrouve Simon au sommet de Saint-Barnabé, j’ai raté Stéphane de peu. On repart ensemble et on fait un groupe jusqu’au col de Bleine. Avec Simon, nous devons réguler un peu le groupe car tout le monde ne sait pas les prendre.
Au pied de la montée, ça explose et c’est chacun pour soi. Un bon ravitaillement au sommet ne sera pas suffisant pour me refaire, je vais perdre les roues de Gaetano et Leomar (deux français avec qui l’on roule régulièrement depuis le départ) dès que ça va grimper. Un des coachs me dépasse avec son client et me dit de prendre sa roue, j’y arrive sur 800m avant de lâcher prise. Le final s’annonce difficile, heureusement, un des participants du coin me rejoint et me dit que les 5 derniers km sont très roulant, je prends sa roue et nous voilà à 30km/h voir près de 40 quand un groupe nous rejoindra.
Je vais les perdre dans les 2 « coups de cul » du dernier km. Sans importance, je suis finisher, le final après le col de Vence est neutralisé. Je rejoints Stéphane, David et Emmanuel (mon compagnon de chambrée) au village de Vence pour manger ensemble avant de prendre place dans le convoi jusque Nice… La journée se finira par une soirée avec tout le monde, l’occasion de discuter et de remercier les masseuses, les ostéopathes, les motards… Si nous avons pris un plaisir énorme sur cette épreuve, ils y sont pour beaucoup et eux aussi ont beaucoup apprécié cette Haute-Route.
[…] échangés avec Fergus, le speaker qui officiait comme lanterne rouge quand j’avais fait la Haute-Route. Compte à […]