Audax Lyon-Provence 2015 et retour
Audax Lyon-Provence en hissant la grand voile
Comme tous les ans, le samedi Pâques on file en direction du Sud et de la Provence. La descente se fait à allure Audax et nous sommes une trentaine à y prendre part. Parmi le groupe quelques ATSCAFiens : Bernard, Gilbert, Andrée, Dominique ainsi qu’Alain et moi qui officieront en tant que serre-file / capitaines de route sur une partie du trajet. N’oublions pas Yves qui a tout organisé, trouvé le nouveau point d’arrivée et conduira la voiture d’assistance. Evelyne suivra également et remontera le soir même après avoir récupéré Dominique et Bernard. Christiane nous suit également et récupèrera Gilbert à Roussas.
Benny (pour ceux qui ne le connaissent pas, c’est lui qui a eu de l’idée de faire Stockholm-Morbier en vélo) est arrivé sur Lyon la veille au soir et fait partie de l’aventure. Au départ, on retrouve quelques habitués : Hubert, Frédéric, Gilbert, Patrick et Cathy, Richard et quelques autres. N’oublions pas les capitaines de route, toujours fidèles au poste : Georges et Jean-Louis du Pépère-Club, Serge de l’ASEB.
S’il faisait sec au réveil, la bruine a commencé à tomber quand Benny et moi partons de chez moi pour récupérer Alain. Ca ne durera pas et ne sera pas plus méchant que cette bruine, tant mieux. Il y a 2 ans, nous avions eu la pluie sur 100km et cela ne m’a pas laissé un souvenir impérissable.
5h00, le départ est donné, les capitaines de route ouvrent la route et les serre-files la ferment. Le groupe est scindé en deux du fait des feux dans l’agglomération, comme souvent, mais on se regroupe dès que l’agglomération est passée. On longe le Rhône et nous récupérons Georges, Baptiste et Clément à Vernaison. Voilà deux renforts supplémentaires pour les serre-files.
Les kilomètres défilent et la pression sur les vessies commence à se faire sentir. La courte pause de Vaugris est accueillie avec soulagement. Nous repartons en conservant les éclairages, le jour commence à poindre mais pas suffisamment pour que nous puissions rouler sans nos lumières ni nos chasubles.
Une première crevaison va mettre les serre-files à contribution à l’approche de Saint-Maurice-l’Exil. C’est la roue avant qui a percé, comme Yves avait mis une roue de secours dans la voiture, on repart très rapidement. Baptiste et Clément ramènent tout le monde sans broncher, il y a juste à les guider aux intersections quand le groupe n’est pas en vue car ils ne connaissent pas le parcours.
Nous arrivons rapidement à Saint-Rambert-d’Albon où a lieu la deuxième pause. Je prends le café avec Benny, Gilbert et Christiane, au Café de la Place où l’ATSCAF a ses habitudes (enfin, on s’y arrête une fois par an le samedi de Pâques). Les propriétaires ont dû changer car tout a été refait à neuf.
Le temps de pause étant écoulé, nous repartons avec 2 minutes de retard, la faute aux capitaines de route qui ont un peu trainé. Gilbert, en tant que président du Codep et donc organisateur, me retire 2 points sur ma note de capitaine. Il va falloir que nous soyons, Alain et moi, de bons capitaines si je veux les récupérer.
Le tronçon est assez facile à diriger, ce sont essentiellement des faux-plats, surtout depuis l’an passé où le tronçon Saint-Vallier – Chateauneuf-sur-Isère a été revu. A Saint-Vallier, tout occupé à discuter, je me trompe de sortie dans un rond-point, sans conséquence, je suis le seul à me tromper.
La suite se déroule sans encombre, Georges fait quelques sprints pour prendre du champ et faire quelques photos du peloton. Après avoir traversé l’Isère, il faut remonter une colline pour basculer
sur Saint-Marcel-les-Valence. On lève le pied pour que le groupe reste ensemble, ensuite il n’y a plus qu’à se laisser descendre en direction de la 3ème pause du jour.
Avec le vent du Nord qui s’est levé nous avons pris un peu d’avance sur l’horaire. Le soleil est de la partie et les rares averses annoncées pour la matinée ne sont plus un risque, on peut retirer des épaisseurs et dépailler les cardons sans crainte.
La procession reprend tranquillement sous le soleil et avec un vent du Nord qui se lève et nous pousse de plus en plus. Les kilomètres s’accumulent et il faut bien penser à s’alimenter pour éviter la fringale avant le restaurant.
Mais tout se passe sans encombre, seul un participant semble perdre quelques longueurs par moment. Je remonte en tête de groupe pour demander de rouler un poil moins vite. Cela évitera à ce cyclo de trop puiser dans ses réserves et de passer le col de Tartaiguille tranquillement et de finir le brevet sans problèmes.
Arrive Grane, dernier village avant la montée qui nous sépare du restaurant. Les capitaines de route ne se sont pas vraiment écartés, du coup, beaucoup ont cru que l’allure était encore régulée. Cela change des années où les fauves sont lâchés dès le pied et certains attaquent le col à bloc.
Clément et Benny ont filé devant, Richard est devant Alain et moi. Le vent du Nord souffle vraiment fort maintenant et mon compteur affiche des vitesses anormales pour cette montée. Alain me distance et dépasse Richard dont je me rapproche petit à petit. Arrivé à l’intersection qui marque la fin des pentes, ce n’est pas encore le sommet mais ce n’est plus qu’un faux plat, je crie à Evelyne de ne pas oublier d’indiquer à Dominique le col du Devès. Le message sera bien passé, mais ne sachant pas exactement à quelle distance il se trouve, Dominique le laissera tranquille pour cette fois.
Tout le monde arrive au restaurant, les plus véloces ont même le temps de boire un verre avant de passer à table. Nous sommes arrivés avec un peu d’avance et repartons dans les temps, seul soucis, les nuages ont profité que nous étions attablés pour s’amonceler derrière nous. On espère que cela va tenir jusqu’à notre arrivée à Roussas.
Le départ étant en descente, il faut lever le pied en bas pour permettre le regroupement. A peine regroupé nous allons marquer une pause imprévue pour mettre nos vestes de pluie. Les nuages ont fini par nous rattraper.
J’espérais que cela resterait sur la forêt de Marsanne comme cela arrive parfois, mais pas cette fois.
Bien évidemment, la pluie ne dure pas mais nous conservons les vestes de pluie encore plusieurs kilomètres, il ne s’agirait pas d’attirer l’attention de la pluie en lui laissant croire que nous ne sommes pas équipés.
Finalement, nous quitterons nos vestes dans le hameau de Colombier qui marque le pied du dernier col. On en profite pour dire aux féminines de se mettre derrière les capitaines de route comme le souhaitait Yves. L’idée étant de se caler sur leur allure pour ne pas les perdre dans la montée. Dans la pratique, c’est un peu plus compliqué que ça. Difficile de conduire un groupe à faible vitesse, avec Jean-Louis nous nous calons sur une allure qui est certes trop rapide pour certains, mais qui évite que le groupe ne se tasse trop et que les cyclos s’énervent à cette petite vitesse.
On opère un regroupement au sommet et nous basculons dans la descente du Colombier en direction de Roussas. L’arrivée n’est pas dans le village même mais à quelques kilomètres de là, dans une cave que Yves a trouvé pour nous accueillir.
Nous y boirons le verre de l’amitié et certains dégusterons même les productions locales. Certains repartent prendre le train, quelques-uns chargent leur voiture, tandis qu’Alain mange du taboulé, Benny un sandwich et moi de la crème de marron. On prend des forces avant de remonter à vélo…
Retour à Lyon en tirant des bords
18h, il est temps de repartir plein Nord. Nous sommes 3, Alain, Benny et moi. Il ne manque que Pierre et l’équipe de l’épopée suédoise serait au complet. Les averses nous ont rattrapés et c’est sous une petite bruine que nous débutons le parcours. Du coup, j’ai remis toutes mes épaisseurs en haut et en bas.
Evidemment, cet épisode pluvieux ne dure pas et je me retrouve équipé un peu trop chaudement pour la montée du col du Colombier. Tant pis, je fais avec. On sent bien le vent du Nord, mais malgré ça, je sens que l’on avance plutôt pas mal. Nous reprenons la même route qu’à l’aller car je suis reparti du parcours de l’an passé pour tracer celui de cette année et l’arrivée ne se faisait pas par le col mais par la montée plus douce qui arrive d’Allan.
Nous ne profiterons pas de la vue sur le Ventoux depuis le plateau sommital, il se cache derrière les nuages. On redescend ensuite en direction d’Espeluche pour tourner à droite en direction de Rochefort-en-Valdaine. Comme tous les ans, on rate la bifurcation, on s’arrête et on repart.
S’en suit un tronçon plat qui file plein Nord dans lequel Alain révise l’avis qu’il m’avait donné du côté de Montjoyer à propos du vent. Après lui avoir indiqué que je trouvais le vent plus violent que l’an passé, il m’avait dit qu’il avait l’impression contraire. A l’approche de Marsanne, il se range finalement à mon opinion. Si la descente s’est faite avec la grand-voile, il va falloir tirer des bords pour le retour. On espère juste que cela va faire comme l’an passé et qu’il va finir par tomber.
Arrivé à Marsanne, on marque une traditionnelle pause, il y a une aire de parking pour les camping-cars et donc un point d’eau. Pas de chance, cette fois-ci il est fermé. Rien ne coule du robinet. Heureusement, une occupante d’un des camping-cars nous indique une fontaine à proximité, vers une chapelle. On la trouve rapidement. C’est une fontaine miraculeuse, on espère qu’elle aura pour vertu de nous épargner la pluie et de faire tomber le vent. Un demi-miracle (comprendre un seul souhait exaucé sur les deux) nous irait déjà parfaitement. Après lecture de l’écriteau, on apprend que le miracle est une guérison de la cécité mais il n’y a pas d’aveugle parmi nous.
Le col de la Grande Limite est rapidement avalé, il ne fait que 3km, et avec la forêt et les virages nous avons été en parti abrité du vent. On bascule maintenant sur la plaine en direction de Valence. Et cette fois-ci, pas de passage par le raidard des Roberts, je l’ai retiré de la trace, on reste donc sur la route principale en passant du côté de Mirmande.
On arrive sur Loriol que l’on traverse par le centre avant de déboucher sur la nationale 7. A cette heure-ci, il n’y a pas grand-monde dessus, on resterait bien dessus en traversant Livron, mais il faut bifurquer à droite. Benny râle après l’auteur du parcours qui nous a envoyé sur ces pentes à 15%, j’avais déjà retiré la vacherie des Roberts, je ne pouvais pas rester sans mettre une bonne rampe. Plus sérieusement, j’ignorais que ce serait un tel mur. Mais cela n’a pas duré, heureusement.
Jusque-là, et malgré un vent qui ne nous aide vraiment pas, nous avançons à bonne allure. Mais il va falloir compter avec un nouvel élément, en plus de la nuit qui nous accompagne depuis le col de la Grande Limite, c’est la pluie. Nous faisons une pause pour nous équiper et nous ravitailler. Les voitures intriguées par ces éclairages et ces baudriers réfléchissants au bord de la route ralentissent en passant à notre hauteur.
Et nous voilà reparti. Si jusque-là, j’étais un peu juste, avec ce temps, je me sens de bonnes jambes. Je suis même passé à l’avant du groupe et je vais assurer la direction un petit moment.
La pluie se fait plus forte, Benny a remis la musique (il a emporté avec lui une enceinte bluetooth jumelée à son téléphone). Je me surprends à sourire sur mon vélo alors que les conditions sont quand même assez mauvaises : on est debout depuis près de 20h, on a déjà fait 275km, il fait nuit, il pleut, mais je suis bien dans ces conditions.
Je dois être fou. Chose dont Stéphane et David avec qui j’ai fait la Haute Route Alpes l’an passé sont déjà convaincus depuis qu’ils m’ont vu arriver tout souriant et affirmant que la journée allait être bonne alors que nous allions devoir affronter une journée de pluie et franchir le col de la Madeleine, celui du Glandon et la montée de l’Alpe d’Huez.
La pluie, le vent, des conditions typiques des classiques flandriennes dont c’est la pleine saison. Il ne nous manque que les pavés, mais c’est sans regrets…
Sur le vélo, la pluie parait ne pas vouloir s’arrêter, mais en réalité cela ne dure que le temps de contourner l’agglomération de Valence. Et nous pouvons faire la pause à Chateauneuf-sur-Isère au sec. Enfin, comprenons-nous bien, nous sommes trempés, mais au moins il ne pleut plus.
On profite de la fontaine pour refaire les bidons. Un couple est sur le balcon en face de nous, ils semblent un peu surpris de nous voir et je les entends dire que nous sommes courageux de faire du vélo de nuit.
Nous reprenons la route en direction de Saint-Donat-sur-l’Herbasse, un long tronçon en faux plat assez usant. Le faux plat dure même au-delà de Saint-Donnat jusqu’à une vraie bosse qui nous permet de basculer vers Chateauneuf-de-Galaure. C’est dans cette bosse que le sommeil va attaquer Benny. On le voit qui décroche des roues et perd du terrain.
Alors que nous avons basculé dans la vallée de la Galaure, je m’arrête car je ne vois plus ni Alain ni Benny. J’attends puis me décide à revenir au-devant d’eux. Ils arrivent, Benny avait du s’arrêter pour changer de batterie sur son éclairage.
Arrivé à Chateauneuf-de-Galaure, Alain indique un abribus où nous pourrons dormir. Nous nous installons donc aussi confortablement que possible pour essayer de trouver le sommeil. Alain et Benny semblent y arriver, moi non.
Je me décide à sortir mon téléphone pour donner des nouvelles par SMS et répondre aux messages laissés sur les réseaux sociaux. J’ai beau m’être installé en position fœtale pour limiter les pertes thermiques, je suis gelé et grelotte. En plus, je me prends une crampe…
Finalement, nous repartons, Benny ne semble pas plus reposé qu’avant, il faut dire que c’est difficile de dormir dans ces conditions. Cela se confirme à la bosse suivante, celle qui va nous fait basculer dans la vallée de l’Oron.
On avance tranquillement, il faut tenir jusque Beaurepaire où Benn veut chercher un hôtel, mais nous n’en trouvons pas. Le GPS indique le prochain à Vienne. C’est environ 25km supplémentaire. Quand on a sommeil, c’est très long.
Et il faut encore passer deux bosses pour y arriver. Le pied est un peu sévère, s’en suit un long faux plat avant que ça ne se raidisse pour le final.
Alain propose une variante qui doit nous permettre d’éviter une bosse mais après réflexion, nous ne voyons pas comment éviter les collines après Cour-et-Buis, du coup nous restons sur notre itinéraire. La bosse se passe, Benny s’accroche à l’idée de dormir à l’hôtel à Vienne pour se requinquer.
On se laisse glisser sur Pont-Evêque puis Vienne. Nous accompagnons Benny à l’hôtel, si proche de l’arrivée et en étant relativement frais, nous n’avons pas l’intention de nous arrêter. Benny tente de négocier le prix de la chambre à la baisse, mais dans ces chaines d’hôtel, pas moyen. Les systèmes informatiques n’ont pas prévu ce type de cas, relativement rares reconnaissons-le du cyclo qui arrive à 5h30 du matin pour dormir 3h…
Du coup, nous repartons tous les 3. Le plus dur est maintenant derrière nous. Reste à remonter la vallée de la Sévenne puis franchir la bosse de Chuzelles. Marenne est maintenant devant nous, puis Corbas, Vénissieux, Saint-Priest. Alain nous quitte à proximité du parc de Parilly. On se congratule, une pensée pour Pierre le 4ème Viking qui n’était pas là, encore un beau périple de bouclé !
Il nous reste 5km que nous bouclerons tranquillement pour arriver à domicile. Il était temps, je commençais à voir les doigts gelés et mes gants longs étaient restés sur mon lit ce matin après moult hésitation à savoir si je les mettais ou pas pour partir…