Route des Grandes Alpes
Thonon-les-Bains – La Clusaz
Après une arrivée à Evian la veille au soir sous la pluie, nous nourrissons quelques inquiétudes face à la météo. Nous sommes conscients que bénéficier d’un grand soleil pendant les 10 jours de notre traversée serait miraculeux, mais si nous pouvions commencer sans pluie, moralement, cela nous aiderait. D’autant que la première étape est quand même longue et que nous devons gravir un des cols qui nous impressionne le plus de notre parcours.
Finalement, le soleil brille quand nous nous levons et c’est sous le soleil que nous rejoignons Thonon-les-Bains en voiture.
Notre itinéraire de départ ne respecte pas scrupuleusement l’itinéraire officiel de la route des grandes Alpes. En effet, nous choisissons d’éviter la route de Morzine et le col des Gets que nous jugeons trop passante et optons pour la D26 qui nous fera franchir le col de la Jambaz.
Ce col monte doucement en sous-bois, sans difficulté majeure et constitue donc un bon échauffement pour la suite de la journée et du périple. Le pied offre quelques jolis points de vue sur la Dent d’Oche avant que les montagnes nous la masquent.
Au sommet nous retrouvons ma mère qui a assuré toute notre logistique de manière parfaite tout au long du trajet. Nous décidons de manger à Saint-Jeoire, que nous rejoignons rapidement après une jolie descente.
Après ce repas, il nous faut rejoindre le pied du col de la Colombière, aux environs de Cluses. Nous nous doutions que cette zone serait pénible à traverser, mais pas à ce point-là. Si nous effectuons rapidement le trajet Saint-Jeoire – Marignier, non sans avoir repéré les sommets qui doivent surplomber le col de la Colombière, la suite est plus laborieuse.
Aucune indication de direction, et des gens qui ne sont pas spécialement prudent envers les cyclo. Les voitures nous rasent alors que la route est droite et parfaitement dégagée. Après quelques frayeurs et hésitations nous sommes à la quête d’un panneau « Route des Grandes Alpes » ou une direction « Le Reposoir ». En l’absence de ces deux éléments, nous interrogeons un autochtone qui nous confirme que nous sommes sur la bonne voie, mais émet des doutes quand à l’ouverture du col de la Colombière. Non pas à cause de la neige, malgré les chutes récentes, le col n’est qu’à 1613m pas assez haut pour que la neige tienne, mais à cause d’éboulements sur la route. Effectivement, quelques hectomètres plus loin, un magnifique panneau « Route barrée » nous fait face. Coup dur.
Heureusement, deux cyclos descendant de cette route passent à ce moment-là. Nous les interpellons, et ils nous rassurent en nous assurant qu’en vélo, il est possible de passer sans encombre, comme ils l’ont fait puisqu’ils viennent du Grand Bornand. Par contre, en voiture, rien à faire, il faut contourner. Avant de reprendre la route, ils nous souhaitent « Bonne chance » et nous avouent avoir été particulièrement impressionnés par les derniers kilomètres de la montée. Grâce aux téléphones portables, nous réussissons à joindre ma mère qui elle aussi tourne dans Scionzier cherchant des indications directionnelles. Nous ne retrouvons et lui indiquons un itinéraire de déviation.
Après ces émotions, nous voilà prêt à nous lancer dans cette ascension que nous devinons difficile, non sans avoir maudit une dernière fois les chauffards qui peuplent le secteur après que l’un d’eux nous ait fait une queue de poisson au volant de son camion. Le bas de la montée n’est pas spécialement facile, la pente moyenne est assez élevée, entre 7 et 8% avant d’atteindre un replat précédent Le Reposoir. Nous décidons de marquer une pause dans ce village avant de nous lancer dans la lancer dans les fortes pentes qui nous séparent du sommet.
Nous repartons donc pour les 7 km restant. Dès la sortie du Reposoir, village décidément bien nommé, les pentes deviennent plus fortes et surtout assez irrégulières, variant de 6% à 10 ou 12%. Nous qui craignons la pluie hier soir encore, nous subissons à ce moment-là un soleil dont nous passerions bien. Si le bas est ombragé, il n’y a désormais plus d’ombre. La vue sur la Chartreuse du Reposoir et les sommets qui la surplombent est certes agréable, mais pas suffisamment pour nous faire oublier la pente.
Nous continuons à gravir ces pentes fortement variable sans nous décourager, mais qu’on le veuille ou non, quelque soit l’entrainement, de telles pentes tirent forcément dans les jambes.
Finalement, au détour d’une grande courbe à droite, après avoir bénéficié de quelques encouragements de marcheurs de retour de randonnée, nous apercevons le sommet et la « ligne droite » qui nous en sépare. Le terme de ligne droite n’est pas le plus approprié, mais il n’y a pas franchement de virage et tout au long de ce tronçon, nous aurons le sommet en point de mire. Ce qui est toujours délicat avec ce genre de passage est que moralement, on s’use à avoir l’impression que le sommet reste toujours aussi loin.
La ligne droite est effectivement très dure, comme nous l’avait dit les cyclos croisés à Scionzier, mais nous avançons malgré la pente qui flirte avec les 10% sur le dernier kilomètre. Mon père commence à avoir des crampes dans les cuisses et accueille donc les travaux qui nous obligent à mettre pied à terre avec soulagement. Une fois ces quelques mètres de travaux passés, nous voilà au sommet ou ma mère vient d’arriver.
Nous nous restaurons et nous étirons en commentant ce col que nous supposions redoutable. Nous savons que nous avons franchi un des gros morceaux de la traversée. Mais l’étape n’est pas terminée pour autant, il nous faut encore rejoindre l’Auberge de Jeunesse de La Clusaz. Pour cela, nous descendons en direction du Grand Bornand, puis de Saint-Jean de Sixt.
Arrivé là, surprise, nous franchissons un col, celui de Saint-Jean de Sixt dont nous ignorions jusqu’à l’existence. A partir de là, nous sommes dans les pentes du col des Aravis, et les crampes dont mon père a été victime reviennent. Nous marquons une nouvelle pause pour effectuer quelques étirements supplémentaires. La fin de la montée est assez laborieuse, les 90km déjà parcouru et la terrible montée de la Colombière ont laissés quelques séquelles. Il y a encore quelques passages délicats dans la traversée de la station. Les trois kilomètres séparant le village de notre gite paraissent long à mon père qui n’est pas mécontent d’arriver.
Nous buvons une boisson fraiche pour nous réhydrater et récupérer un peu. Après la douche, nous descendons au repas ou nous retrouvons trois parapentistes. Ils débutent leur séjour dans lé région et espèrent eux-aussi une météo clémente pour les jours à venir.
Quelques semaines plus tard, j’ai eu envie d’insulter un écrivaillon d’un grand quotidien régional qui sur une radio retransmettant le Tour de France a qualifié ce col, la Colombière, de facile. Ce genre d’individu ne devrait pas avoir le droit d’écrire professionnellement sur un sport qu’il connait manifestement si mal. Notons que Guillaume Prébois qui s’y connait vraiment a décrit ce col de la manière suivante : « La première partie du col de la Colombière ne peut pas faire la différence d’autant qu’un faux plat intermédiaire permet carrément de remettre le gros plateau pendant deux kilomètres. Les sept derniers kilomètres d’ascension, et les trois derniers en particulier, sont redoutables. ». Je précise que Guillaume Prébois est un journaliste du Monde qui a parcourut les routes du Tour de France 2007 la veille des coureurs, accompagné par Fabio Biasiolo. Plus d’infos sur le site de « L’autre Tour ».
La Clusaz – Villard-sur-Doron
C’est sous un ciel ensoleillé que nous nous préparons tranquillement à partir. Nous profitons de la courte étape pour prendre notre temps ca matin. Nous terminons notre montée du col des Aravis au son des clarines des vaches pâturant dans les alpages. Les crampes de la montée de la Colombière d’hier ne sont plus qu’un lointain mauvais souvenir, et c’est assez aisément que nous découvrons le panorama sur le Mont Blanc en approchant du sommet
Arrivé en haut nous retrouvons ma mère et un panneau route barré. Personne ne semble en mesure de nous indiquer si nos vélos seront en mesure de passer, nous partons donc dans l’inconnu, en ayant convenu que nous préviendrons ma mère pour lui dire si elle peut passer. Heureusement que les portables existent.
Au bout de quelques kilomètres nous sommes arrêtés par des barrières et du goudron frais. Une chose est sûre, en voiture, ça ne passe pas. Nous descendons de nos vélos et longeons le goudron frais en portant nos vélos comme des coureurs de cyclo-cross. Nous coupons à travers champ sous les quolibets d’un savoyard nous traitant d’illettrés (entre les chauffards et ces moqueries, cette région est charmante pour les cyclotouristes) depuis la fenêtre de sa maison.
Le passage à travers champ se termine dans la boue, car en voulant éviter une zone couverte de fumier nous nous sommes engagés dans le lit d’un ruisseau qui descend de la montagne. C’est les chaussures pleines de boue que nous retrouvons la route. Nous discutons quelques instants avec le chef de chantier qui nous explique qu’ils sont obligés de barrer la route car ils ne disposent que d’une machine pour goudronner et qu’elle est trop large pour permettre le passage des voitures…
Finalement, nous descendons en suivant les gorges de l’Arondine jusqu’à Flumet, pied du col des Saisies. Nous jetons quelques coups d’œil derrière nous afin de regarder si nous apercevons le Mont Blanc et de profiter de la vue sur la chaine des Aravis. Nous avons également quelques beaux panoramas sur d’autres sommets.
Arrivé à Notre-Dame-de-Bellecombe nous sommes pris d’une nouvelle frayeur en apercevant un panneau jaune annonçant que la route sera barrée un jour cette semaine… Deux routes barrées en deux jours, cela relèverait de l’acharnement du destin si nous en avions trouvé une nouvelle.
Finalement, nous éviterons les travaux dans cette montée. Montée qui s’avère d’ailleurs plus rude que ce à quoi nous nous attendions. Rien d’aussi difficile que ce que nous avons pu avoir la veille, c’est donc sans trop de difficulté que nous rejoignons le sommet ou ma mère arrive en même temps que nous.
Nous prenons notre temps pour pique-niquer, la chambre d’hôte où nous logeons ce soir étant juste au pied du col. Nous observons des parapentistes essayant de s’envoler depuis le signal de Bisanne mais la météo ne semble pas leur être favorable, l’absence manifeste de courant ascendant ne leur donne l’occasion de profiter du ciel sans nuage.
Après nous être restauré et reposé, nous ré-enfourchons nos montures pour descendre en direction de la vallée du Doron. La descente est prudente et donne l’occasion de nombreuses pauses photographiques, même si la présence abondante de remontées mécaniques et de fils électriques / téléphoniques altère le paysage.
Après cette descente agréable et prudente, la pente est quand même forte, nous rejoignons notre gite en début d’après-midi. Cela nous laissera le temps de visiter Beaufort en fin d’après-midi et d’admirer son ancienne Gendarmerie Impériale.
Villard-sur-Doron – Le Fornet
Au petit déjeuner nous discutons avec un motard qui lui aussi parcours la route des Grandes Alpes, mais sa monture motorisée lui permet de faire en quatre jours ce que nous ferons en dix. Comme le dit Jean-Jacques : « Ca a l’air de bien aller ces deux-roues là ». Il nous dépasse avant même que nous ayons atteint Beaufort en nous souhaitant bon courage pour la suite de notre périple.
Une fois le village traversé, nous entamons la montée du col de Méraillet. C’est une montée agréable qui se fait en sous-bois. Par contre, nous avons du mal à nous repérer sur la carte car la route est pour le moins sinueuse et comporte de nombreuses épingles. Les pentes sont loin d’être douces et nous rejoignons un autre cyclotouriste qui est venu gravir ce col avec un ami. La montée est l’occasion d’admirer les ruisseaux qui cascadent.
Et puis, d’un coup, nous sortons de la forêt et découvrons le lac de Roselend devant nous. Le paysage mérite vraiment le détour et je comprends pourquoi Bernard propose systématiquement ce col pour la sortie mythique.
Nous reprenons la route et profitons du replat tant que la route contourne le lac. Une fois le lac contourné, l’ascension reprend pour quelques kilomètres assez raides et rectilignes. Nous profitons une dernière fois des vues sur le lac et les cascades alentours avant de nous engouffrer dans ce verrou rocheux.
Après une dernière rampe, nous rejoignons le refuge de Plan de Lai. Alors que je m’arrête pour une photo je m’aperçois que de nombreux cyclos sont en train d’arriver. Je repars et reprends une photo un peu plus loin. Je profite de rouler avec l’un d’eux en rejoignant pour père pour discuter avec l’un d’eux.
Il s’agit d’un groupe de bretons de passage dans le secteur. Ils sont venus passer quelques jours et vont en profiter pour gravir quelques cols prestigieux. Leur nombre leur permet d’avoir une organisation plus conséquente que la notre. Alors que nous arrivons en haut, leur camionnette d’assistance les attend. Nous nous retrouvons ma mère, et marquons une pause pour admirer une dernière fois les sommets du Beaufortain
Avant de nous élancer dans la descente, nous prévenons ma mère que la descente risque d’être un peu pénible pour elle qui appréhendait de conduire en montagne. En effet, d’après la carte, ça tourne beaucoup et ce n’est pas très large. Pour nous, sur nos vélos, même en descendant prudemment, c’est un véritable plaisir, même si les épingles sont assez nombreuses.
Comme cela était prévisible, nous arrivons à Bourg Saint-Maurice avant la voiture. Après nous être retrouvé nous nous mettons en quête d’un endroit où pique-niquer. Pas évident, tous les parkings sont payant et l’ombre est une denrée rare. Finalement, nous revenons à l’entrée de la ville, sur la route par laquelle nous sommes arrivés. Là il y a de l’ombre et un parking gratuit.
Nous repartons ensuite en direction de Val d’Isère. Le contraste est assez frappant entre la descente du Cormet de Roselend et la route que nous empruntons maintenant. Nous sommes maintenant sur une nationale à la circulation dense, et encore, nous ne sommes pas encore en période de vacances. Je n’ose imaginer ce que peut être cette route pendant les vacances d’hiver…
La circulation devient un peu moins dense après Séez et la bifurcation du col du petit Saint-Bernard. La montée se fait dès lors plus raide et même difficile au niveau de Sainte-Fois Tarentaise où se trouvent quelques kilomètres particulièrement difficiles. La largeur de la route a tendance à perturber notre perception de la pente. Nous rencontrons à nouveau une zone de travaux, mais cette fois-ci, nous pouvons passer sans encombre. Les signaleurs et leurs panneaux nous laissent passer sans nous contraindre à mettre pied à terre ce qui est bien sympathique. Au fur et à mesure que nous montons, nous commençons à apercevoir les langues des glaciers qui surplombent l’autre versant de la vallée.
A l’occasion d’une pause nous jetons un coup d’œil en arrière et constatons que la météo s’est dégradée sur la vallée de la Tarentaise et nous espérons être épargné par la pluie avant d’arriver à Val d’Isère. Nous continuons la montée au milieu des camions en cherchant vainement une correspondance entre le profil que nous avons et la route que nous empruntons. En arrivant vers le barrage, nous nous apercevons qu’une nouvelle route a été construite depuis, ceci expliquant une partie des erreurs constaté sur le profil.
Nous sommes bien montés en altitude et les glaciers sont maintenant plus proches qu’avant. Je prends une dernière photo avant de repartir. Je me retrouve suivi par un camion dans une zone où il est impossible de dépasser. Inutile de vous dire que la présence de ce véhicule est un puissant stimulant pour grimper et rejoindre une zone où il pourra me dépasser. Heureusement, j’ai affaire à un chauffeur prudent qui restera patiemment derrière, attendant une visibilité suffisante pour nous dépasser.
Nous arrivons ensuite en vue du barrage de Tignes, où le visage d’enfant peint dessus, et dont la photo figurait dans de nombreux livres de géographie, est bien passé maintenant. On distingue les principaux traits, mais un touriste ignorant cela ne le remarquerait même pas.
Nous commençons à longer le lac et à penser à notre arrivée avant de devoir faire face à une mauvaise surprise. Nous avions bien notés sur la carte de nombreux tunnels et paravalanches, mais des travaux ont eu lieu, et nous nous emmanchons dans un tunnel de plusieurs longs hectomètres. Je m’arrête pour allumer ma lumière arrière. La route emprunte un nouveau tracé et emprunte donc cet immense tunnel dont nous ne voyons pas la fin. Finalement, nous en sortons, et en jetant un coup d’œil de l’autre côté du lac, nous constatons que la route vers Tigne est exactement dans la même configuration.
Nous approchons de la queue du lac et sommes donc près du terme de notre étape. Un dernier tunnel et nous apercevons les premières habitations de la station. Comment les rater, il s’agit d’une immonde barre d’immeuble qui semble parachutée de quelque grande agglomération au milieu de la montagne. Le moins que l’on puisse dire, c’est que Val d’Isère n’est pas une très belle station. Sa traversée en vélo semble interminable, surtout en fin d’étape. De nouveaux travaux nous ralentissent un peu, mais nous rejoignons rapidement Le Fornet, charmant petit village aux maisons de pierre, ce qui n’est pas sans rappeler Bonneval sur Arc, et notre gite.
Avant d’aller manger dans un des rares restaurants ouverts dans la station à cette saison, nous aurons l’occasion d’observer un bouquetin aux jumelles.
Le Fornet – Valloire
Le temps est légèrement couvert ce matin, mais ne semble pas menaçant. Tant mieux, car l’étape qui nous attends est la plus longue de notre périple. C’est aujourd’hui que nous passons par le point culminant, le plus haut col de France, celui de l’Iseran.
Nous essuyons quelques petites gouttes pluies au départ, mais rien de bien méchant. Les nuages montant de la vallée semblant vouloir nous épargner en suivant la vallée du Charvet alors nous sommes encore en train de longer la vallée de l’Isère. Nous avons l’occasion d’admirer la splendeur de la montagne et les ravages paysagers de la station de ski.
Au détour d’un virage, nous surprenons quatre marmottes qui prenaient leurs aises sur la route. Il faut dire que la circulation est plutôt clairsemée en cette saison. La montée continue, sans grosse difficulté. Nous grimpons tranquillement, surprenant d’autres marmottes, et évitant soigneusement les nuages. Cela ne durera que jusqu’à 5km du sommet. Un nuage nous surprend dans notre ascension et nous resterons nimbés dedans jusqu’au sommet.
Plus possible de profiter des paysages, la visibilité est réduite au minimum. Par sécurité, j’allume mon éclairage arrière. Nous distinguons sur les bas côtés la neige qui fait son apparition. Par moment, la visibilité augmente et nous pouvons constater que la végétation a disparu, nous sommes dans un univers exclusivement minéral. Finalement, le sommet arrive, la température y est de 6°C seulement. Nous décidons donc de nous arrêter au relais pour consommer une boisson chaude.
Les conditions ne sont pas aussi nuageuses que lors de ma première ascension en 2003 où j’avais découvert l’existence de la chapelle sommitale sur les cartes postales, ni aussi fraiche que l’année dernière où j’avais gravi les derniers kilomètres du versant Sud dans la neige, mais je désespère de gravir ce col et de jouir enfin pleinement des paysages. Après nous être réchauffés, le soleil semble vouloir percer les nuages, pour notre plus grand plaisir. Avant de repartir, un groupe nous voyant en vélo nous demande le temps nécessaire pour gravir le col depuis Bourg Saint-Maurice. Ce sont les femmes d’un groupe de cyclotouristes de la Vienne qui font eux-aussi la route des Grandes Alpes.
Je profite de la descente très prudente, à cause de travaux, pour faire des photos. Lors de la traversée d’une zone de travaux, alors que je salue les ouvriers, l’un d’eux me répond que c’est pour nous qu’ils le font. En effet, les coureurs du Tour de France emprunteront cet itinéraire dans quelques semaines.
Après Bonneval, superbe village aux maisons de pierre, que nous ne faisons qu’apercevoir, la route ne le traversant pas franchement, la route est plus plate. Et comme bien souvent passé une certaine heure, les vents se sont mis à remonter la vallée. Nous devons donc lutter contre celui-ci pendant les quelques kilomètre nous séparant du col de la Madeleine. Ensuite, il y a une bonne descente pour piquer sur Lans-le-Villard.
C’est ici que nous décidons de manger. Alors que nous pique-niquons, nous croisons un cyclotouriste allemand qui nous demande où il peut trouver de quoi s’alimenter. Nous lui indiquons la route du supermarché, les autres commerces étant fermés pendant la coupure méridienne. Nous discutons également avec un couple de suisses, eux-aussi sur la Route des Grandes Alpes. Ils s’inquiètent en voyant que la route entre Lans-le-Villard et Lans-le-Bourg est fermée et craignent des pentes sévères pour rejoindre la station. Nous leur montrons le trajet et les rassurons sur la difficulté à venir.
Il faut effectivement grimper un peu pour rejoindre la route du Mont-Cenis, mais rien de bien méchant. Les pourcentages sont tout à fait raisonnables et nous rejoignons rapidement la route du col que nous redescendons. Une fois traversé Val-Cenis, nous constatons que le vent n’a pas faibli, loin de là. Et mis à part la descente rapide sur Termignon, il nous faut pédaler sans discontinuer.
Ce passage est assez pénible car les routes sont globalement très rectilignes. Et plus nous descendons, plus le vent forcit. Nous qui pensions profiter de ces nombreux kilomètres majoritairement descendant pour nous relaxer, c’est raté. La descente est laborieuse et nous souffrons presque plus que ce matin.
Finalement, c’est presque avec soulagement que nous apercevons le fort du Télégraphe qui annonce la montée du col éponyme. Une pause au pied du col pour nous ravitailler et retirer nos vêtements chauds, le soleil donne pleinement et nous allons avoir l’occasion de chauffer.
Nous partons tranquillement dans notre dernière ascension du jour, mais pas des moindres. Certes, ce col n’attend pas les 2000mètres fatidiques, mais constitue quand même une belle montée, bien souvent sous-estimées par les cyclos mal renseignés. Les kilomètres passent et nous constatons que la route grimpe bien, au gré des panoramas sur la vallée. Je cherche désespérément un endroit où prendre en photo le fort du Télégraphe, mais en vain. Finalement, nous atteignons l’intersection de Valmeinier, annonceur de pentes plus clémentes pour les 2km nous séparant du sommet.
Après une courte pause, nous attaquons la descente. Lors de cette descente, je heurte un objet avec mon pied droit. Un rapide regard ne me permet pas d’identifier l’objet. Je suppose donc qu’il s’agit d’un débris quelconque. Arrivé à Valloire, il nous reste un dernier coup de collier, notre hébergement du jour étant situé dans la fameuse ligne droite séparant Valloire et Les Verneys
Alors que nous gravissons cette rampe, cyclo cherchant à déchausser et n’y arrivant pas, tombe devant nous. Heureusement sans gravité. Arrivé à l’appartement, je cherche mes lunettes dans ma sacoche. Je constate que celle-ci est restée ouverte, et que mes lunettes n’y sont plus. Je comprends alors que l’objet qui m’a heurté était vraisemblablement mon étui à lunettes. Après nous être douchés, nous remontons (en voiture) à l’endroit où il me semble les avoir perdues.
Nous les retrouvons. L’étui a été rejeté sur le bas-côté et est intact. Par contre, les lunettes sont restées au milieu de la route et sont absolument irréparables. Heureusement que j’étais parti avec deux paires. Le soir, nous allons manger au relais du Galibier où, apprenant ce que nous sommes en train de faire, on nous offre une assiette de pâtes, en plus de nos plats.
Valloire – Terre-Rouge
Au réveil, la météo est très couverte, à croire que les nuages ont finalement réussi à franchir le massif de la Vanoise et nous on rejoint. Après le petit-déjeuner, nous avons même droit à la pluie. Du coup, nous prenons notre temps pour charger la voiture. C’est une chose que nous pouvons nous permettre car nos étapes sont désormais plus courtes.
Ce temps supplémentaire que nous nous accordons au départ permet aux nuages de se dégager. C’est donc au sec que nous partons, même si la route est humide au départ, cela ne dure pas. Dès la sortie des Verneys, la route commence à s’assécher. Altitude aidant, l’atmosphère est fraiche, mais le soleil nous donnera chaud jusqu’à Plan Lacha.
La montée après Valloire, mis à part la terrible ligne droite conduisant aux Verneys ne présente pas de grosse difficulté. Il y a un passage un peu plus raide au niveau de l’aérodrome avant que la route ne se remettre à longer la Valloirette.
Le vent souffle et ne nous aide pas sur ces tronçons que nous gravissons donc doucement. D’autant plus doucement que les efforts accumulés depuis le début du périple commencent à se faire sentir. Nous sommes rattrapés par des cyclos de Chambéry venus gravir le col aujourd’hui. Ils nous apprennent que la pluie est assez généralisée sur les Alpes du Nord et que nous pouvons nous estimer heureux de n’avoir pris qu’une averse ce matin.
Arrivé à Plan-Lachat, nous marquons une pause avant de nous lancer dans les difficiles kilomètres nous séparant du sommet. Cet arrêt est l’occasion de reprendre des forces. La rupture de pente est assez marquée et nous savons que le sommet sera long à atteindre.
Nous nous lançons prudemment dans la suite de la montée. Elle est toujours aussi rude, mais nous savons également qu’il s’agit d’une de nos dernières grosses difficultés. Non que le reste soit négligeable, loin de là, mais nous ne monterons plus jamais si haut, ni sur des pentes moyennes aussi importantes. Nous marquons une nouvelle pause au niveau des Granges du Galibier d’où nous pouvons apercevoir le sommet.
Nous partons pour le dernier tronçon de cette montée. Si le soleil est présent, nous ne pouvons pas nous plaindre de la chaleur et nous sommes heureux de porter des manchettes, même si nous avons eu un peu chaud avant Plan-Lachat.
Peu avant l’arrivée au niveau du tunnel, nous sommes rejoints par un cyclo de Valloire qui gravit le col pour la première fois cette année. Il grimpe avec nous, mais nous faisons une ultime pause au niveau du tunnel. En deçà d’une certaine vitesse, il n’est pas évident de s’alimenter sans risquer de perdre l’équilibre et le souffle…
Le dernier kilomètre est particulièrement rude, notamment jusqu’à la fameuse épingle à droite. Ensuite la pente est moins raide sans être douce non plus. Mais maintenant que nous sommes en haut, nous savons que nous pourrons bien profiter de la longue descente qui s’annonce.
Avant de nous lancer dans la descente, nous demandons au cyclo avec qui nous avons roulé précédemment de nous prendre en photo. Nous ne profitons pas de la vue sur le massif des Écrins qui est dans les nuages.
Si le tronçon jusqu’au Lautaret est légèrement technique, la suite est franchement rapide. Nous traversons les paravalanches au-delà de la limite de vitesse autorisée et poussons même nos compteurs au-delà de 70km/h. Sans le fort vent de face dans le bas de la descente, nous aurions pu espérer rejoindre Briançon sans donner le moindre coup de pédale.
C’est à Briançon que nous nous restaurons dans le parc de la Schappe. Après avoir pris un peu de temps pour visiter ce parc, nous remontons sur nos machines direction Terre Rouge, petit hameau situé peu avant Cervières dans la montée de l’Izoard.
Cette partie de la montée n’est pas trop difficile, une fois passée la sortie de Briançon. Nous arrivons donc au gite de Terre Rouge où l’accueil est toujours aussi sympathique et les repas aussi bons.
Terre-Rouge – Sainte-Marie-de-Vars
Après avoir récupéré nos pique-nique auprès du patron du gite, nous enfourchons nos bicyclettes afin rejoindre le sommet du col de l’Izoard. Le départ se fait sous le soleil, la météo incertaine d’hier matin n’est plus qu’un mauvais souvenir. Nous voilà rapidement à Cervières, où va vraiment commencer la montée.
Après la traversée du village, quelques véhicules de collection nous dépassent. Apercevoir ce genre de véhicule est toujours plutôt sympathique. Hélas, nous déchantons rapidement. C’est un véritable troupeau d’excité jouant aux Fangio en herbe qui va bientôt nous dépasser.
Cette engeance nous dépasse au mépris total du code de la route (en virage, sans visibilité, en faisant des queues de poisson, les trois n’étant absolument pas exclusif, bien au contraire). Bref, au lieu de profiter de la montée, nous gravissons les pentes en étant à moitié terrorisé par le comportement irresponsable et irrespectueux de ce rassemblement d’excités. Le fait d’apposer un autocollant « Coupe des Alpes » sur sa voiture semble faire perdre tout sens commun à bon nombre des concurrents et mêmes des organisateurs.
C’est donc effrayé, en colère et à moitié asphyxié (ça fume ces cochonneries là) que nous atteignons le sommet. De nombreux autres usagers de la route se plaignent du comportement de ces maniaques de l’accélérateur. Un cyclo italien nous avouera même avoir eu des gestes forts peu courtois envers ces dangers publics.
Je suis d’ailleurs surpris, à l’heure où la sécurité routière est une priorité nationale, que de telles épreuves puissent se dérouler sans un minimum de surveillance afin d’éviter les dérives et exactions de quelques dangereux excités. D’autant que de tels comportements sont largement prévisibles à la vue des véhicules d’exceptions possédés par la plupart des participants. J’en profite néanmoins pour signaler que ce ne sont pas nécessairement les possesseurs des véhicules les plus puissants qui sont les plus imprudents.
Une fois nos amis psychopathes motorisés repartis, nous pouvons enfin profiter des paysages du sommet.
Nous descendons en direction de la Casse Déserte que nous rejoignons rapidement. Et afin de profiter de la majesté du site nous nous arrêtons au niveau du col de . Ce site est toujours aussi impressionnant par sa minéralité. Le contraste quand on vient de Guillestre est encore plus saisissant que quand on vient du sommet.
Nous retrouvons d’autres cyclos avec qui nous devisons sur les différentes ascensions que chacun a pu faire. Comme nous sommes en plein Dauphiné Libéré, nous échangeons également quelques impressions sur le dopage qui gangrène ce sport. Après cette longue pause, et un dernier regard vers la Casse Déserte, nous reprenons notre descente. Nous rejoignons rapidement l’intersection de la route de Guillestre, d’où nous pouvons apercevoir Château-Queyras.
De là, nous continuons en recherchant un endroit où pique-niquer. Il nous faudra attendre de passer le monument de l’Ange Gardien pour trouver une place au bord d’un affluent du Guil. Après cette pause, nous reprenons la route pour traverser la combe du Queyras et les gorges du Guil. Là encore, nous devons affronter un fort vent de face nous empêchant de profiter comme nous le souhaitions de ces faux-plats descendants.
Arrivé à Guillestre, nous nous lançons dans la dernière difficulté du jour, à savoir la première partie de la montée du col de Vars, jusqu’à Sainte-Marie de Vars. En regardant dernière nous, nous découvrons la citadelle de Mont-Dauphin et le massif des Écrins et le glacier Blanc à l’arrière plan.
Cela nous permet d’oublier les fortes pentes qui nous surprennent un peu. En effet, d’après le profil que nous avions en notre possession, le pied du col était assez tranquille. C’est loin d’être le cas, et ces pentes ne m’avaient pas marquées quand je l’avais gravi il y a deux ans. Il faut dire que ses paysages sont loin d’être aussi grandioses que ce que nous avons pu traverser jusque-là. Arrivé en vue du village de Vars, la pente se fait plus douce, et nous avons même quelques descentes avant de rejoindre Sainte-Marie de Vars.
Sainte-Marie-de-Vars – Bayasse
Nous repartons sous un grand soleil pour gravir les quelques kilomètres nous séparant du sommet du col de Vars. Les kilomètres les plus sévères ont été gravis la veille. Il n’y a guère que la traversée des Claux, qui constitue le cœur de la station, que les pourcentages soient plus raides. Pour le reste, à l’approche du sommet, nous avons droit à quelques replats et même des passages légèrement descendants. La montée est donc globalement assez irrégulière et ne présente pas de particularités aussi remarquables que l’Izoard que nous avons franchi juste avant ou la Cayolle que nous franchirons juste après.
Du sommet nous avons une magnifique vue sur la belle descente qui nous attend. SI par le versant Nord, les plus fortes pentes sont situées en bas, c’est l’inverse sur le versant Sud. Les 5 derniers kilomètres présentent une pente moyenne aux environs de 9%, avec un kilomètre à plus de 10%. Du sommet nous voyons bien que cela descend.
Lors de la descente nous croisons de nombreux cyclos en pleine ascension. Certains sont tellement préoccupés par leur montée qu’ils ne nous saluent même pas. D’autres ne sont manifestement plus en état de nous saluer, à les voir louvoyer bouche ouverte sur le bitume. Le revêtement n’est pas exceptionnel non plus, accentuant encore la difficulté de la montée, et nous secouant un peu dans notre descente.
Comme à chaque fois, nous retrouvons, fidèle au rendez-vous, un vent de face dans la vallée. Il n’est pas aussi violent que celui que nous avons eu dans la vallée de la Maurienne. Nous rejoignons donc rapidement Jausiers où nous pique-niquons. Avant d’arriver là, nous aurons laissé sur notre gauche la route du col de Larche. Nous passons également au pied de l’imposant fort de Tournoux. Au niveau de la Condamine-Chatelard, j’ai une petite pensée en regardant la route qui part à notre droite direction le Parpaillon, col mythique dont le majestueux tunnel sommital culmine plus haut que le col du Galibier et que j’ai gravi en VTT l’année précédente.
En route vers Barcelonnette nous admirons des sommets connus, tels que celui, très caractéristique de la Grande Séolane ou le pain de sucre. Une fois la ville traversée, nous bifurquons à gauche en direction des gorges du Bachelard.
La météo qui se voulait orageuse dans la vallée nous aura finalement apporté quelques gouttes d’eau rafraichissantes sans suite. Tant mieux, car la traversée des gorges du Bachelard sous la pluie aurait été beaucoup moins sympathique. Nous nous emmanchons donc dans ces gorges, premier tronçon de la somptueuse montée de mon col favori. Je conseille à tout cyclo d’aller rouler au moins une fois du côté de Barcelonette. Les paysage de la Cayolle méritent amplement le détour, et les chasseurs de cols auront de quoi faire (Vars, Allos, Cayolle, Bonette sont tous à plus de 2000m, il y a aussi Larche). Les marcheurs trouveront également de quoi se faire plaisir sans problème.
Une fois que la vallée commence à s’élargir, nous regardons derrière nous. Sur le versant de la montagne, nous distinguons, accrochée à la pente, la mince ligne correspondant à la route du col d’Allos. Nous profitons aussi des vues sur les sommets et notamment celui du Cimet qui nous domine de ces 3020m.
Une fois les hameaux composant la majorité de la commune d’Uvernet-Fours traversée, nous rejoignons Bayasse et la boulangerie du village, perchée sur les hauteurs en direction du col de la Moutière. La fermeture du refuge Napoléon et l’absence de gite sur un long tronçon du GR a convaincu ce couple de faire également refuge. Cela donne l’occasion de goûter toutes les variétés de pain, de fabrication entièrement artisanale et manuelle. Avant d’aller dormir, nous jetons un dernier coup d’œil en direction du sommet et du Mont Pelat qui le surplombe.
Bayasse – Les Laumes
Nous petit-déjeunons avec des nouveaux pains artisanaux alors que le ciel est légèrement couvert, mais ne semble pas menaçant. Nous partons ensuite dans la dernière ascension d’un col de plus de 2000m de notre périple. La montée est toujours aussi somptueuse. Cela à beau être ma 5ème ascension de ce col depuis 2005 (et la troisième par ce versant), je ne m’en lasse pas.
Avant d’arriver au sommet, nous avons également l’occasion de surprendre les dernières marmottes de notre périple. Nous passons le refuge de la Cayolle, désormais fermé, et apercevons le sommet. Au sommet nous retrouvons d’autres cyclos qui ont enfilés leurs coupe-vent et s’apprêtent à se lancer dans la descente. Nous les saluons et ils commencent leur descente pendant que nous marquons une pause.
La descente est l’occasion de nombreuses pauses photo car le paysage, très différent de l’autre versant n’en n’est pas moins joli. Il offre de magnifiques panoramas sur des sommets que je connais bien, sous un angle moins familier. Tout occupé que je suis à rattraper mon père, qui lui ne prend pas de photos, je reconnais néanmoins le groupe d’accompagnateur que nous avions rencontré au sommet de l’Iseran. Eux aussi nous reconnaissent et nous nous saluons réciproquement. Ce sont leurs cyclos que nous avons aperçu au sommet.
Après une longue descente (il y a plus de 30km entre le sommet de la Cayolle et Guillaumes), nous arrivons au lieu de notre pique-nique. Nous y retrouvons les accompagnateurs de notre groupe de cyclo vendéens. Eux-aussi pique-niquent ici avant d’aller visiter les gorges de Daluis et du Cians pendant que leurs cyclos rallient Valberg.
Nous marquons une pause relativement longue avant de remonter sur nos bicyclettes. Il faut dire que nous sommes dans la vallée du Var qui est une vallée plutôt chaude, l’altitude commence à baisser (Guillaumes n’est qu’à 800m) et que nous sommes aux heures les plus chaudes la journée. Le thermomètre indique plus de 30°C quand nous repartons.
Là-aussi, nous nous offrons une petite entorse par rapport à l’itinéraire officiel. Au lieu de monter directement sur Valberg par la route normale, nous prenons la D29 qui rejoint Valberg en empruntant la vallée de la Tuebi et passant par Péone. La chaleur commence à être étouffante dans ces gorges, mais la vue sur Péone et ses aiguilles dolomitiques est une belle récompense. A l’entrée du village de nombreux panneaux incitent les automobilistes à laisser leurs voitures à l’entrée du village pour traverser le village à pied et ainsi pouvoir le visiter. Un des catalans (nom des habitants de Péone) nous salue d’un « Ça ne pollue pas et ça ne fait pas de bruit ! ». Les voitures ne sont décidément pas les bienvenues ici. Après les emportements des excités de la Coupe de Alpes, nous ne pouvons qu’acquiescer…
Une fois Péone traversé, nous voilà dans la montée vers Valberg. Si jusqu’ici le vent ne nous perturbait pas réellement, il nous déroute un peu dans les épingles qui jonchent la montée. Il tourbillonne et change de direction en permanence. Cela ne nous empêche pas de profiter des points de vue sur Péone, la Tête de l’Encombrette ou les Tour du Lac.
Arrivé à Valberg, nous marquons une nouvelle pause pour nous réhydrater, pour la première fois depuis le départ, j’avais pris avec moi un bidon rempli d’eau pour m’arroser. Nous redescendons ensuite sur Les Laumes où nous attend notre gite du jour.
Les Laumes – Roquebilière
Nous repartons en direction du sommet du col de la Couillole qui est facilement atteint, la majorité de la dénivelée ayant été avalée lors de la montée sur Valberg. Nous notons cependant que les paysages changent et que des roches rouges commencent à faire leur apparition sur les montagnes au loin.
La descente est superbe et nous offre des vues magnifiques sur le village de Roubion. Le paysage a bien changé depuis le sommet et nous sommes au milieu des roches rouges si caractéristiques de la vallée de la Tinée. La faible largeur de la route et la présence du précipice sur notre droite nous incitent à faire une descente plus que prudente.
Arrivée à Saint-Sauveur sur Tinée, nous rejoignons la route de Nice. Si elle n’est pas une nationale, elle n’en n’est pas moins très fréquentée. Heureusement, nous le l’empruntons que pendant quelques kilomètres. Cette route est bordée de quelques blockhaus, noyé dans la montagne.
Nous bifurquons ensuite à gauche pour quitter la vallée de la Tinée et commencer l’ascension du col Saint-Martin. C’est une montée très régulière, sans difficulté particulière, sur une route en très bon état.
La montée est jalonnée de panneaux indiquant la distance séparant du sommet ainsi que la dénivelée du kilomètre à venir. Nous traversons les hameaux composant la commune de Valdeblore et admirons mairie du village. Nous retrouvons ma mère au sommet. Elle est arrivée un peu avant nous, mais n’a pu trouver d’endroit sympathique pour pique-niquer. Nous nous installons donc à l’entrée d’un chemin de randonnée. La vue sur la station n’est pas des plus agréable, les bâtiments ne sont pas sans rappeler ce que l’on a pu voir du côté de Val d’Isère.
La température est un peu fraiche à cette altitude malgré le fait que nous ne soyons plus très loin de la côte. C’est donc avec nos coupe-vent que nous abordons la descente. Nous sentons toutefois que la température augmente quand nous nous rapprochons du fond de la vallée de la Vésubie. Nous avons également de magnifiques panoramas vers les sommets du Sud du Mercantour et la vallée de la Vésubie.
Nous rejoignons ensuite Roquebilière où nous logeons ce soir. Sur les recommandations de notre hôte, nous irons visiter, en voiture, le vallon de la Gordolasque. L’extrémité de cette vallée est un des lieux de départ vers la Vallée des Merveilles. La route y menant traverse le village de Belvédère, qui porte très bien son nom.
Roquebilière – Menton
Aujourd’hui est le dernier jour de notre périple qui nous aura conduit des bords du Léman à la Méditerranée, en 10 jours en environ 700km. Pourtant, se dresse encore devant, un des cols que nous redoutons le plus, celui du Turini. La dénivelé qu’il présente est conséquente (1 100m) et nous sommes quand même marqué par les 9 jours précédent. Malgré un bon entrainement, je sens bien que je n’accélère plus comme au début du séjour quand il s’agit de rejoindre mon père suite à une pause photo.
Suivant les conseils de notre hôte, nous décidons de partir de bonne heure, c’est-à-dire vers 8h, pour éviter les grosses chaleurs qui peuvent régner dans ces contrées méridionales. Au moment du départ, le couple de belge avec qui nous partagions le gite et avec qui nous avons discuté la veille au soir nous salue.
Nous partons ensuite à l’assaut de notre avant-dernier col. Le profil dont nous disposons s’avère faux une nouvelle fois. La montée est en réalité beaucoup plus régulière que ce à quoi nous nous attendions. Là où nous ne sommes pas surpris par contre, c’est en ce qui concerne les virages et les épingles qui jalonnent la montée.
La montée se passe finalement beaucoup facilement que ce que nous escomptions, d’autant que la chaleur nous épargne. A l’approche du sommet, nous constatons que les nuages semblent s’amonceler autour du sommet. C’est même la fraicheur qui nous attend au sommet puisqu’il fait seulement 13°C. C’est donc légitimement que nous décidons de nous accorder une boisson chaude dans un des bars / hôtels / restaurants du sommet.
Cela nous donne également un prétexte pour demander à la patronne si elle peut garder nos vélos pendant que nous montons dans la voiture pour une excursion autour du massif de l’Authion. Il s’agit, comme pour hier soir, d’un conseil de notre hôte de Roquebilière. Les paysages y sont parait-il magnifique et l’on a même une vue sur la mer. Hélas, nous ne pourrons confirmer cela, les nuages étant solidement accrochés aux sommets alentours, nous n’aurons de vue que sur ceux-ci.
Nous ré-enfourchons donc nos bicyclettes pour la descente, qui d’après la carte sera encore plus sinueuse que la montée. Le début est particulièrement frais, dans la forêt. La route est plutôt bonne, ce qui rend cette descente agréable. Malheureusement, le revêtement se dégrade rapidement et transforme la descente en véritable calvaire. Au bout de 10 jours, nos épaules et nos cervicales ont un peu perdu de leur souplesse et nous rendent la descente difficilement supportable.
Alors que nous espérions trouver un peu de répit au niveau de Notre Dame de la Ménour, il nous faut déchanter. La qualité de la route se dégrade encore sans que la route ne devienne plus rectiligne
Finalement, nous retrouvons une route plus rectiligne dans la vallée, sans que le revêtement ne s’améliore vraiment. Cela nous soulage quand même les épaules et la nuque de ne plus être crispé sur les freins. Enfin, même si nous n’avons pas réellement apprécié cette descente, il faut reconnaitre qu’elle offre de jolis panoramas, notamment lorsque l’on quitte la forêt du Turini.
Nous voilà ensuite à Sospel où nous nous installons à l’ombre pour notre pique-nique. S’il faisait frais à 1 600m, nous avons retrouvé la chaleur en redescendant dans la vallée. Alors que nous attendons ma mère parti faire les dernières courses pour le pique-nique, nous la voyons revenir avec le couple de belge qui partageait notre gite.
Nous prenons notre temps pour le repas, la suite du parcours étant beaucoup plus tranquille et surtout, majoritairement descendante. Nous repartons alors que les joueurs de boule de la cité arrivent les uns après les autres pour leur partie quotidienne. Le soleil tape pendant que nous nous lançons sur les pentes du col de Castillon.
C’est certainement le col le moins dur que nous ayons eu à gravir de toute notre traversée. La principale difficulté vient en fait du soleil qui chauffe bien, mais moins que ce que j’avais pu endurer lors du brevet de 600km. Nous avons la chance de ne pas être sur une route trop passante, la route principale empruntant un tunnel passant sous le col.
Le sommet du col est marqué par un tunnel au sortir duquel nous apercevons, enfin, la mer. La suite n’est plus qu’une longue descente vers Menton, but de notre parcours. Mis à part la traversée qui est un peu pénible, après 10 jours sur les routes alpines nous avons perdu l’habitude des villes, c’est sans problème que nous rejoignons notre hôtel.
Le patron de l’hôtel est un ancien cyclotouriste, comptant quand même 1 Paris-Brest-Paris à son palmarès et son hôtel est un repaire de cyclotouriste. Arrivant en même temps que nous, nous discutons avec un diagonaliste en provenance de Dunkerque avec son vélo couché. Nous croiserons aussi un australien parti de Paris avec l’idée de rallier Rome sur son VTT avec pour seul bagage un sac à dos…