BRM 600 de Lyon
Samedi 2h du matin, le réveil sonne, préparer un Paris-Brest-Paris est un sacerdoce. Je ne vois pas d’autre explication pour se lever si tôt, d’autant que c’est déjà la troisième fois en l’espace de trois mois. Les affaires ont été préparées hier soir, je n’ai donc qu’à déjeuner, ce qui n’est pas toujours évident à cette heure là, et à sauter dans ma tenue de cyclo. La nuit fut bonne, je constate que ma plus mauvaise nuit fut avant le 300km, comme si je m’étais habitué à l’idée de parcourir des distances un peu folle.
Je retrouve JJ place Courtois et nous nous rendons à l’ASPTT, et sur le trajet il me dit qu’il redoute cette distance, ce qui est notre cas à tous. Aux inscriptions Christophe et Chrystel sont déjà là, Yann arrive peu après. Le fait d’avoir participé à tous les brevets sur Lyon nous a permis de constater la diminution de la file d’attente aux inscriptions au fur et à mesure de l’allongement des distances. Nous reconnaissons et discutons avec quelques habitués rencontrés sur les brevets précédents.
4h, le départ est donné et un bon groupe s’élance, manifestement, tout le monde ou presque a envie de rouler ensemble. Malheureusement, une erreur d’itinéraire nous emmène dans les bosses de Valencin au lieu de filer dans la plaine d’Heyrieux ce qui a pour effet immédiat de disperser le groupe. Chrystel rouspète contre l’auteur de cette erreur de parcours qui va nous priver de roues pour nous abriter. En effet, arrivé au sommet, il ne reste plus que 2 cyclos du Pépère Club avec nous.
Nous récupérons l’itinéraire normal du côté de Diemoz puis filons sur Saint-Jean de Bournay. Le jour commence à poindre et c’est avec le jour que nous retrouvons un cyclo avec qui nous avions roulé quelques kilomètres lors du BRM de Bourg-en-Bresse. Il a déjà fait un 600km la semaine précédente et en fera un autre la semaine suivante. Nous rejoignons ensuite La Côte Saint-André et son célèbre vélociste. Après quelques hésitations nous filons sur Saint-Etienne de Saint-Geoirs qui constitue le premier contrôle. Yann rentre dans la ville, en quête d’un café, alors que nous faisons notre pause à l’extérieur de la ville. C’est là que nous voyons passer deux vétérans de l’ASPTT.
Nous les rattrapons un peu plus loin, dans la montée du col de Toutes Aures. Après le col du Cognet, nous marquons une courte pause avant de continuer notre route en direction de Saint-Marcellin. Nous voilà maintenant sur l’itinéraire que nous avions emprunté lors du 300km. Romans est là et Jean-Jacques essaye de nous inculquer les rudiments des passages de relais qui doivent nous permettre de bien avancer sans trop nous fatiguer.
Nous essayons d’appliquer les consignes, mais nous avons de gros progrès à faire. Outre nos difficultés, l’abonné aux BRM que nous avons rejoint peu avant a tendance à perturber nos enchainements. Cela ne nous empêchera pas d’atteindre Chabeuil puis Crest. Nous marquons une nouvelle pause, dans un café cette fois-ci, cela nous donne l’occasion de refaire nos bidons. Nos deux compères du Pépère Club arrivent quelques instants après nous. Ils ont prolongé le parcours par une boucle en direction de Roybon avant de rejoindre la route prévue.
Cette pause nous a fait du bien car la chaleur commence à se faire sentir, bien qu’il ne soit pas si tard que ça dans la journée. Le plan de route, que Christophe évite de nous rappeler – il n’en n’a pas besoin, nous nous en chargeons sur le ton de la plaisanterie – prévoit une pause repas après le col d’Aleyrac, ce qui est en phase avec notre rythme. Après Puy Saint-Martin, nous voilà en direction de la Bégude de Mazec qui marque le pied du col. Chrystel nous prédit une montée ombragée ce dont nous doutons. Effectivement, c’est un soleil de plomb qui nous accompagne tout au long de l’ascension, quelques hectomètres ombragés mis à part.
Christophe arrivé le premier en haut s’est posé (pausé ?) sous un arbre pour bénéficier d’un peu d’ombre. Yann a filé tout droit sur Grignan pour nous trouver un restaurant. JJ nous attend en haut. Nous avalons la descente sans donner le moindre coup de frein et rejoignons Grignan accompagné par un cyclo qui fait valider un BRM de 300km par l’ASPTT. Nous choisissons un restaurant à proximité immédiate d’une fontaine. Le menu nous convient et nous nous jetons sur nos plats. Enfin, sauf moi puisque victime d’un coup de chaud je suis dans l’incapacité d’avaler quoi que soit. Je retourne me passer de l’eau sur le visage pour essayer de faire passer ça. Finalement, je réussis à manger presque la moitié de mon assiette, mais pour pouvoir me lancer sereinement dans la suite de cette aventure, j’aurais préféré pouvoir manger normalement.
Après avoir refait le plein (de nos estomacs et de nos bidons) nous repartons sous un soleil qui n’a pas l’air décidé à nous laisser le moindre répit. Nous sommes aux heures les plus chaudes de la journée et le contrôle de Sainte-Cécile les Vignes nous permet de remplir un bidon pour nous arroser. Nous retrouvons les deux vétérans de l’ASPTT et échangeons quelques mots avec eux. L’un d’eux compte 7 participations à PBP et deux abandons. Le dernier il y a quatre ans, parce qu’il comptait 20 minutes de retard sur son record, établi lors de l’édition précédente.
La suite du parcours est une vraie galère. Le soleil ne nous lâche pas, les routes sont droites, la circulation dense et les automobilistes peu respectueux des cyclotouristes que nous sommes. Ceci nous incite à avancer notre pause à Carpentras, plutôt que Saint-Rémy ou Cavaillon. C’est ici que Jean-Jacques décide de renoncer. Ce tronçon nous a tous fait mal au moral et Jean-Jacques qui n’était pas au mieux, il avait déjà eu des doutes sur sa capacité à réaliser ce brevet du côté de La Côte Saint-André, décide de renoncer.
Nous repartons toujours au milieu d’une circulation dense pour Cavaillon où nous laissons Jean-Jacques. Nous repartons sans celui qui nous a tant appris et tant apporté dans notre préparation. Nous avions beau savoir dès le départ que ce genre de mésaventure était susceptible d’arriver à n’importe lequel d’entre-nous, le coup n’en n’est pas moins rude pour notre groupe. Il nous faut quelques kilomètres pour nous en remettre.
La température est maintenant un peu plus supportable avec le soleil qui décline, alors que nous sommes au point le plus méridional de notre parcours. Nous voilà ensuite à Tarascon où nous faisons notre pause diner. Seul Christophe réussit à avaler son plat entier, Yann, Chrystel et moi avons un appétit plus mesuré. Cette pause est l’occasion de donner des nouvelles à tout le monde et d’en prendre de JJ. Malgré un moral qui était très bas quand nous l’avions laissé, il tenait encore à nous encourager individuellement pour que nous réussissions ce brevet. On l’a déjà écrit sur le forum, mais merci tous, et merci à JJ.
Nous traversons le Rhône ce qui est bon signe, maintenant, nous attaquons le retour sur Lyon. Je préviens Christophe qu’après un nouveau repas allégé, je ne pense pas pouvoir être d’une grande aide sur ce tronçon, d’autant qu’il y a quelques côtes à venir. Effectivement, après Remoullins, la route s’élève. Nous grimpons tranquillement avant de prendre du plaisir dans la descente qui nous ramène vers Bagnols sur Cèze. Arrêté à un feu nous entendons des cris, ce sont nos amis du Pépère Club qui nous hèlent. Ils sont arrêtés à proximité d’un point d’eau caché dans une rue. Nous décidons de repartir ensemble et de rouler jusqu’à Bourg Saint-Andéol.
Les kilomètres s’enchainent sur la N86 et la circulation est beaucoup moins dense que ce que nous redoutions. Pour garder le moral, je décide de changer d’optique en me disant que je ne suis pas parti pour un 600km, mais pour un 450km. Pour le reste, il sera temps d’y penser après la nuit. Christophe commence à sentir le sommeil et propose que nous changions nos plans pour dormir à Bour Saint-Andéol plutôt qu’au Pouzin. Tout le monde acquiesce. Sauf qu’arrivé là-bas, après qu’un automobiliste – vraisemblablement légèrement imbibé d’alcool – nous ait confondus avec la police, nous ne trouvons pas d’hôtel. Nous n’avons donc pas d’autres choix que de continuer à rouler jusqu’au Pouzin, mais cette prolongation affecte temporairement le moral de certains.
Nous voilà reparti sur cette route qui n’arrête pas d’onduler. Le rythme est bon et nous estimons notre heure d’arrivée au Pouzin suffisament matinale pour nous permettre de faire une pause profitable. Notre remontée se poursuit, nous pouvons observer les effets de la centrale de Cruas sur le climat. Quelques kilomètres avant d’y arriver, nous ressentons la bouffée de chaleur provoquée par les quantités de vapeur d’eau qui se dégagent des tours de refroidissement.
Nous arrivons ensuite chez les amis de Chrystel qui nous hébergent. Ils sont en train de gonfler les matelas quand nous arrivons. Nous les saluons et les remercions pour leur accueil avant de nous jeter sur les lits et sombrer dans le sommeil du juste (ou du moins du fatigué). Nous avions auparavant décidé de notre heure de réveil, non sans une dernière plaisanterie sur les horaires du plan de route.
Je suis réveillé par la sonnerie du réveil de Christophe qui reçoit un message d’encouragement de Valexnico. J’aurais bien dormi quelques heures de plus, mais il faut déjà repartir non sans avoir pris un bon petit déjeuner. Nous sommes tous agréablement surpris de voir que les jambes ne sont pas lourdes et que la suite du parcours s’annonce donc sous les meilleurs auspices.
Nous continuons notre remontée du Rhône par sa rive droite et ses vignobles. Nous croisons de nombreux cyclos à Tournon qui se rassemblent pour leur sortie du jour. Nous décidons de marquer une pause à Saint-Vallier pour prendre un second petit déjeuner. Juste auparavant, Christophe a cru à une blague de ma part quand je lui ai demandé par où nous passions ensuite car je ne comprenais l’itinéraire. En effet, d’après les plans de route prévisionnels disponibles sur différents sites, nous devions passer à Serrière. Problème, la feuille d’itinéraire que j’avais récupérée le matin même indiquait la vallée de la Galaure…
Apparemment, il semble qu’il y ait eu un changement d’itinéraire par rapport aux éditions précédentes, ce qui explique la phrase lâchée par un cyclo qui nous a semblé sibylline sur le moment « Tiens, il n’y a pas de contrôle à Serrière ? ». Heureusement nous étions encore avant Saint-Vallier, notre erreur n’a donc pas porté à conséquence.
Après notre pause petit-déjeuner, qui devait être mon plus copieux repas depuis plus de 24h maintenant, nous voilà reparti pour la vallée Chateauneuf de Galaure. Nous empruntons pendant quelques kilomètres une des route de l’Audax Lyon – Suze la Rousse. Entretemps, nous avions eu des nouvelles de JJ qui avait décidé de terminer avec nous, sa femme étant venue le récupérer de bonne heure à Carpentras. Le lieu de nos retrouvailles est fixé à Beaurepaire où il charge de nous trouver un restaurant et de passer la commande pour que tout soit prêt à notre arrivée.
Dans la montée de Lens-Lestang, je vois ainsi Christophe redescendre au devant de nous pour nous annoncer le menu et nous demander si celui-ci nous convient. Une bonne descente, et nous voilà à nouveau tous les 5, content de nous retrouver et content de prendre un bon repas. Yann étant encore abondamment chargé de gâteau énergétique décide de s’en contenter plutôt que de prendre un repas chaud.
Après cette pause, nous reprenons la route pour rentrer sur Lyon, non sans quelques dernières difficultés du côté de La Côte Saint-André. Les cyclos de Bourg-en-Bresse nous en avaient parlé lors du 200km que nous avions fait là-bas. La pente est loin d’être insurmontable, mais après presque 550km, les sensations ne sont plus les mêmes. Yann semble donner quelques signes de fatigue et nous décidons de marquer une pause pour boire un coup dans une sandwicherie de Champier, lieu de notre dernier contrôle.
La bosse de Champier est un peu plus longue que ce que nous avait annoncé Didine, la tenancière de la sandwicherie, mais elle nous avait avoué ne pas bien se rendre compte car elle ne la faisait qu’en voiture. Les dernières bosses sont l’occasion de quelques accélérations histoire de voir comment répondent les jambes.
Arrivés à Heyrieux, Chrystel redoute que Christophe ne réemprunte la route de Valencin, mais ce ne sera pas le cas, même si la tentation de faire mine de tourner à gauche fut grande. Curieusement, le sens de l’humour semble moins bon après 600km. Nous rejoignons ensuite le stade de l’ASPTT alors que Chrystel chante sa joie d’être qualifiée pour PBP. L’accueil est célébré par Jean-Luc, Evelyne et Bernard, ainsi que Bruno qui passait par là en voiture et a aperçu nos maillots, qui sont venu rompre l’austérité de l’accueil de l’ASPTT et nous apporter quelques boissons fraiches bienvenues.
Maintenant, nous allons pouvoir nous inscrire à PBP. Ce sera une autre histoire, il faudra faire cette fois-ci le double de ce que nous avons accompli ce week-end. Nous sommes confiant, à la manière dont nous avons terminé, mais bien conscient qu’il s’agira d’un défi beaucoup plus difficile également.